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Safar de Talheh Daryanavard

Publié le 25/11/2011 par Dimitra Bouras / Catégorie: Critique

safarPremière réalisation d'un photographe iranien formé et installé en Belgique, Talheh Daryanavard signe un « train-movie », Safar (le voyage). C'est le portrait de trois jeunes femmes, issues de familles modestes provenant du sud de l'Iran. Trois amies étudiantes ou récemment diplômées des universités de Téhéran, ayant terminé des études aussi poussées que la pisciculture, la littérature ou la langue et littérature anglaise, rentrent dans leur village natif, rejoindre leur famille et la vie rurale, elles qui, grâces aux bourses d'Etat, ont pu fréquenter les bibliothèques les plus érudites du pays.

Toute la souffrance de ces jeunes filles, tourmentées entre leur soif de connaissance et leur rôle de femmes, épouses et mères de famille qu'on attend d'elle, s'expriment dans ces mots : « Je ne fais pas partie des jeunes filles qui, depuis leur adolescence, se définissent le bonheur par le fait de se consacrer totalement à la satisfaction et à la réussite d'un homme. Mais, désormais, je traduis le bonheur aussi pour moi-même et je voudrais avoir un rôle dans ma destinée. Mon péché n'est pas le péché d'une personne. C'est le péché d'une génération. C'est le péché des filles qui, sans connaître leur avenir, prennent la voie de l'instruction en promettant de ne pas compromettre l'ordre établi. Sans savoir que la prise de conscience de leurs droits, malgré elles, révolutionnera leur microcosme.» 

Safar est un huis-clos limité dans le compartiment d'un train qui traverse l'Iran, du nord au sud. Le cadre, à l'instar de ces trois femmes, limité par l'étroitesse du lieu, est happé par l'ouverture vers le monde qu'est cette fenêtre par laquelle défile le pays. C'est un voyage de transit du rêve à la réalité de trois amies qui constatent avec âpreté qu'elles ont été victimes d'un leurre qu'elles ont accepté tout en connaissant l'issue.  Le désarroi de ces femmes n'est qu'apparent, car il est évident que, malgré ces moments de faiblesse, elles couvent en elles une force de vie capable de résister à de nombreux assauts!  Le bras de fer entre besoin de liberté et obscurantisme religieux est tendu.  Les craintes quand à la conclusion du combat sont certainement justifiées, bien que l'espoir soit permis devant ces exemples de résistance qui se font de plus en plus insistant.  

Et si, comme dit le poète, la femme est l'avenir de l'homme, l'Iran est en bonne marche.


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