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Mara Pigeon

Mara Pigeon

Métier : Réalisatrice

Ville : 5670 Oignies en Thierache Viroinval

Province : Namur

Pays : Belgique

Email : Cliquez ici

Filmographie

Babel - Lettre à mes amis restés en Belgique

Babel - Lettre à mes amis restés en Belgique

Comédien(ne)
docu-fiction
1991
 
The Never Never Tour

The Never Never Tour

Réalisateur(-trice)
documentaire
1988
 
Une saison sèche

Une saison sèche

Réalisateur(-trice)
documentaire
1984
 
Victor Cordier

Victor Cordier

Réalisateur(-trice)
documentaire
1981
 
Magnum Begynasium Bruxellense

Magnum Begynasium Bruxellense

Assistant(e) de réalisation
documentaire
1978
 
Blockhaus Mia

Blockhaus Mia

Réalisateur(-trice)
documentaire
1978
 

Le déclic...

Mara Pigeon

Je ne suis pas une cinéaste

Un jour, parce qu'il me fallait exprimer une tristesse, une violence, et parce que j'aimais les images et les sons, je me suis servie d'une caméra. Très jeune, à travers les voyages et les engagements sociaux et humanitaires de mes parents, j'ai été confrontée à des prises de conscience quotidiennes. Et, adolescente, lorsque ceux-ci, déçus et renvoyés à eux-mêmes par la marche de l'histoire, ont déposé les armes devant la maladie, j'ai commencé à côtoyer la déchéance et la mort. J'avais à l'intérieur de moi de la colère, de la fureur de vivre, qu'il était mal à propos de souligner puisque l'air du temps était au peace and love, puis à la contestation en groupe pour un monde meilleur, idéalisé. D'autre part, éduquée modestement, dans la peur de l'insécurité, qui astreignait au travail immédiat, et évoluant dans un milieu où l'art et l'artiste étaient du domaine de l'inaccessible ou du hobby, je ne voyais guère comment sublimer cette violence, cette différence et "j'implosais".

Les années passant, je gardais cependant dans la tête quelques émotions fortes par rapport au cinéma : Pierrot le fou m'avait bouleversé et les Petites Marguerites me restait en mémoire comme un pied de nez. Je me rappelais aussi les ambiances de Fahrenheit 451, de Poly Magoo, de la Bombe, films projetés au ciné-club de l'athénée des garçons d'Etterbeek.

Toujours très présent aussi, le plaisir éprouvé avec les films expérimentaux de Roland Lethem (un oeuf qui saigne et qui geint, l'image de sexes dans des bocaux...), quelques années plus tard, à la ferme V. Je suppose que le souvenir de ces films occupait mon imaginaire pour m'indiquer une autre possibilité d'expression que celle de la rébellion, du repli sur soi, du voyage-exil. Toujours est-il qu'en quête de nouveaux plaisirs, de nouvelles rencontres, je me retrouvais, timide, dans les festivals de cinéma (notamment celui de l'Arenberg avec ses films politiques). J'allais y faire connaissance de Noël Godin et de ses amis, y entrevoir de nouveaux univers (Boris Lehman avec Magnum Begynasium Bruxellense et le Club Antonin Artaud).

Et un beau jour, pour marquer la disparition du dernier représentant de ma famille et parce que j'aimais la vie, j'ai fait des images. Blockhaus Mia, mon premier film en Super 8, c'était en 1977. J'ai continué et le cinéma est devenu non seulement un moyen de m'exprimer, une manière de m'intégrer et d'échanger, mais aussi, plus pleinement, un outil de recherche, de compréhension du vivant, un complice pour une initiation personnelle, une façon de transmettre. Aujourd'hui, plus sereine, je l'envisage plus facilement comme un espace de jeu et d'invention et j'attends le jour où suffisamment satisfaite de ma connaissance du réel et du symbolique, j'y débriderai mon imaginaire. Je ferai alors du cinéma comme ces conteurs qui racontent des histoires en accompagnant leur récit de dessins sur le sable. Alors seulement, je m'estimerai être une cinéaste à part entière.

Mara Pigeon

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Victor Cordier de Mara Pigeon