La surprise de Frédéric Fonteyne
Aussi simple et sympathique qu'on le dit, Frédéric Fonteyne m'apporte un verre d'eau et me propose une cigarette. Acclamé à la Mostra 1999 de Venise où il offre à Nathalie Baye le prix d'interprétation féminine, Une liaison pornographique n'est jamais que son deuxième long métrage : aucune raison de se prendre la tête, ou quoi que ce soit d'autre. Un entretien purement cinématographique.
Cinergie : Frédéric Fonteyne, on parle de vous comme de la grande révélation de cette Mostra cuvée 1999. Vous aviez déjà découvert la cité des Doges...Frédéric…
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Séquence
Nous sommes dans une salle de montage des studios Lou Ease, rue Huberti à Shaerbeek. Pierre-Paul Renders à qui on doit l'épisode la Tendresse dans les Sept péchés capitaux, jeans et pull bleu foncé, lunettes rondes cerclées d'argent monte Thomas est amoureux, son premier long métrage. Devant nous sur un écran de 21 pouces, un plan du film, à coté un écran-fichier qui récapitule les plans, sur la table une console que manipule le chef monteur Ewin Rykaert. Début du film, deuxième séquence. Plan américain sur un psychologue chauve portant un tatouage sur le crâne (Frédéric Topart) qui s'adresse à Thomas (Benoît…
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A Charleroi, on est loin des fastes des aventures de Kipling (qui terminait ses histoires avec cette célèbre phrase), ce serait même plutôt tendance Zola avec des conditions sociales effrayantes, un habitat dégradé, peu d'emplois et peu d'espoir de jours meilleurs.C'est du moins ce que veut nous faire palper Miel van Hoogenbemt qui est allé à Farciennes, Châtelet, Couillet, Courcelles et autres banlieues de Charleroi filmer les espoirs et désespoirs de six couples très différents.Sandrine qui rêve de devenir coiffeuse et Daniel qui ramasse les papiers; Maryline agente de prévention et de sécurité et Thierry qui estime ne pas valoir plus qu'un cafard, Saïd et…
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Famille, je vous aime
Ah, la famille ! C'est le filtre à travers lequel, enfant, on appréhende le monde ; et même lorsqu'on a grandi et qu'on s'en est affranchi, elle reste la référence des valeurs et des affections. Sans doute, il y a huit ans, lorsqu'elle a commencé à filmer ses petites conversations familiales armée de sa caméra d'amateur, Hélène Lapiower se doutait-elle peu que ce parcours l'amènerait après des heures de parlotes et des kilomètres de bande vidéo à ce film de 72 minutes, hanté par les trois questions ontologiques (D'où viens-je ? Qui suis-je ? Où vais-je ?), version Lapiower.
A sa suite, on découvre…
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Nord/Sud
Etats-Unis, Texas, une certaine idée du Sud, collective et banale comme un puzzle troué de clichés disparates qui nous livre une géographie carte postale organisant une image culturelle de l'autre, réductrice et sécurisante : clichés ces mamas noires rebondies et qui se souviennent du temps de l'esclavage, clichés ces flics blancs propres, efficaces et emballés dans un drapeau, clichés ces noirs chrétiens voués aux négro spirituals et à l'apologie d'un Lord libérateur, cliché cette présence du klan, des red necks et cette suprématie arienne d'un Dieu blanc et vengeur...
Sud, le dernier film de Chantal Akerman, sacrifie à cette…
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En 1933, Henri Storck et Joris Ivens réalisaient Misère au Borinage, véritable pavé dans la mare de la paix sociale chère à la bourgeoisie d'alors. Ils y soutenaient les revendications et les luttes d'une classe ouvrière vampirisée par les barons du charbon et dénonçaient les conditions de vie misérables des mineurs.
Soixante-cinq ans plus tard, Patric Jean revient sur les lieux du tournage de Storck et Ivens. Ces lieux, il les connaît bien, il y a vécu une partie de son adolescence mais aujourd'hui, les images de Misère au Borinage plein la tête, il les regarde autrement et le choc est total. Là où il pensait la misère disparue, il la retrouve plus présente…
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La poésie de la benne à ordure
S'il n'est pas de sot métier, comme on dit, il en est qui prêtent sans doute moins à rêver. Qui aurait l'idée, par exemple, de faire un film sur les éboueurs, ces damnés qui nous débarrassent de nos déchets, qui rendent la ville vivable, sans trop de germes ni de rats, et que personne ne regarde jamais ? Eh bien Jean Christophe YU l'a fait.
Avec le souci d'aller vraiment à la rencontre des êtres humains qui, dehors par tous les temps, s'accrochent à l'arrière des camions dans la grisaille furtive des petits matins. De par le sujet, on n'échappe pas à un petit côté "Strip-Tease",…
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Autre méthode pour débrouillards aux poches trouées : ficelé à coup de petits billets de mille balles par cent vingt (!) producteurs, l'artisanal Travellinckx de Bouli Lanners.
Avec un culot qui n'a d'égal que son intelligence, le film s'attaque au souvenir noir et brûlant d'un fait (vraiment) réel - l'évasion d'un certain Dutroux - et à la soudaine prise de conscience de l'homme ordinaire : asthmatique, hypocondriaque et contaminé par l'amiante de son radiateur.
Braqué sur sa propre petite personne et sur le ridicule testament vidéo qu'il adresse à des parents qui ne m'aimaient pas, Didier arrête sa camionnette entre deux…
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