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Alice Kharoubi, chargée de mission au Short Film Corner (Marché du Film du Festival de Cannes)

Publié le 01/02/2008 par Katia Bayer / Catégorie: Entrevue

Du 14 au 25 mai 2008, le Festival de Cannes accueillera la cinquième édition du Short Film Corner mais dès le 15 février, les inscriptions seront ouvertes sur le site. L'année passée, dans le Marché du Film, cet espace voué au court métrage a réceptionné 1.800 films provenant de 70 pays (contre 900 inscriptions postées par 30 pays l’année précédente). Pour découvrir ces titres, les écrans étaient individuels (bornes de consultation) comme collectifs (petites salles de projection). Parallèlement, le Short Film Corner avait organisé des tables rondes quotidiennes axées sur des thématiques inhérentes au format court (le marketing et la promotion du court, les exigences des acheteurs télé, un aperçu des distributeurs internationaux, …) et attiré  bon nombre de réalisateurs et de producteurs en quête d’informations. Curieusement, l’assiduité de ces derniers refusait de faiblir puisque, une fois les rencontres achevées, des Happy Hour (verres et possibilités de discussions au pluriel) prenaient place. Qui a dit que le court métrage n’avait pas de succès ? Sûrement pas Alice Kharoubi, chargée de mission au Short Film Corner…

Alice Kharoubi, chargée de mission au Short Film Corner (Marché du Film du Festival de Cannes)

Cinergie : Quelle est l’origine et le domaine d’activité du Short Film Corner ?

Alice Kharoubi : Le Short Film Corner est un espace dédié au court métrage qui existe depuis quatre ans. Il est organisé par le Festival de Cannes sous la houlette de Jérôme Paillard, le directeur du Marché du Film. Il fonctionne comme un marché avec un système d’inscription donc il n’y a pas de sélection : tous les films inscrits sont acceptés moyennant un coût (75 euros). La participation au Short Film Corner inclut notamment la numérisation du film (il doit être visible et disponible sur des postes de consultation) et un accès à cinando.com (la base de données qui regroupe l’ensemble des professionnels sur tous les marchés cinématographiques).

C. : Les films qui se retrouvent au Marché n’ont pas spécialement bénéficié de systèmes d’aides…
A.K. : Effectivement, on ne demande pas qu’ils soient labellisés « CNC » si on prend l’exemple de la France. Il peut y avoir des courts qui n’ont pas reçu de labels ou d’aides et qui, au final, sont très attachants. Je pense que c’est dommage de ne pas aider tout ce petit cinéma émergent et intéressant.

C. : Le fait qu’il n’y ait pas de sélection aurait-il favorisé le double d’inscriptions cette année ?
A.K. : Non vu que les autres années, c’était exactement la même chose. C’est juste que les gens commencent à connaître le Short Film Corner. Cette année, on a toutefois travaillé avec Withoutabox, un site d’inscription en ligne pour les festivals, qui nous a certainement aidés à gagner en visibilité.

C. : Comment vous positionnez-vous par rapport aux autres marchés de courts ?
A.K. : De nombreux festivals de courts commencent à développer des marchés. On ne se positionne pas du tout comme concurrent par rapport aux autres. La particularité de notre action, c’est qu’elle s’inscrit dans le Festival de Cannes.

C. : Est-ce qu’il y a un travail mené tout au long de l’année pour soutenir le court ou bien est-ce juste ponctuel ?
A. K. : Je travaille presque huit mois sur le Short Film! Jérôme Paillard travaille, lui, toute l’année. Il se déplace dans beaucoup de festivals et de manifestations. Pendant l’année, nous essayons d’être essentiellement présents en offrant des inscriptions au Short Film Corner dans des festivals de cinéma, en participant à des festivals...

C. : Concrètement,  pendant le festival, comment mettez-vous en perspective cet énorme catalogue qui comprend 1.800 titres répartis en 70 pays ?

A.K. : Les films sont disponibles en permanence sur des postes de consultation. Cette année, on en a une trentaine : 10 postes de plus que l’an passé. On a aussi trois petites salles de projection de 3, 6 et 9 places que chacun peut réserver pour projeter ses courts. À côté, des distributeurs réservent des créneaux complets de projection dans une salle du Marché du Film. On a également développé des collaborations avec l’Agence du court métrage, l’ONF (Office National du Film du Canada) et Philippe Clivaz de Base-court : chacun a la possibilité de voir les films en amont et de créer des programmes sélectifs pour mettre en évidence les courts métrages.

C. : Question nationale : avec quels acteurs principaux du court belge collaborez-vous ?
A.K. : Beaucoup de belges sont mis en avant à Cannes puisque nous travaillons en partenariat avec Flanders Image et La Big Family. Ce sont de très importants fournisseurs de courts en Belgique donc c’est sûr que le pays est bien représenté !

C. : Tous les jours, il y a des tables rondes. Dans quelle optique ont-elles été créées ?
A.K. : Pour les réalisateurs et les producteurs, c’est essentiel de rencontrer les professionnels et de leur demander des conseils.  En arrivant à Cannes, ils ne savent pas spécialement qui est qui. Au moins, pendant les tables rondes, ils peuvent les identifier et intervenir pendant les discussions. Et s'ils le souhaitent, ils ont la possibilité de les rencontrer après via le Happy Hour. C’est vraiment le but : se faire des contacts et développer un réseau…

C. : …Et en même temps, ils peuvent se rendre compte que la situation du court métrage n’est absolument pas figée : de nouveaux acteurs interviennent quand les nouvelles technologies se pointent…
A.K. : Tout à fait.

C. : Là, je parle plus que l’interviewée. Il y a un problème !
A.K. : Ah bon (rires) ?! Evidemment, la thématique « comment vendre son film ? » et les rencontres avec les acheteurs de courts reviendront toujours dans les tables rondes. Mais je pense qu’il faut aussi être très attentif aux nouvelles technologies et aux nouveaux modes de distribution et de diffusion. Du coup, c’est évident que la réflexion va évoluer.

C. : Est-ce que ça ne vaudrait pas la peine de filmer ces rencontres et de les retranscrire pour en garder une trace ?
A.K. : C’est une idée intéressante. Je suis tout à fait d’accord avec toi : ce qui est dit est assez riche... . Mais c’est vrai que ce serait bien d’avoir une trace… .

C. : Même si le festival n’est pas encore terminé, tu as probablement déjà dû évaluer le suivi du Short Film Corner. Est-ce que ton niveau de bonheur est élevé ?!
A.K. : Oui, je crois (rires) ! Pour l’instant, le lieu a l’air de plaire. Il y a plusieurs signes qui vont dans ce sens : les boxes sont occupés quasiment toute la journée, beaucoup de gens assistent aux conférences et l’Happy Hour est plein. C’est vraiment encourageant pour mener la prochaine édition du Short Film Corner !

www.shortfilmcorner.com 

 

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