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L'Envers du court : les réactions

Publié le 11/10/2007 par Katia Bayer / Catégorie: Dossier

Arnaud Demuynck. L’Evasion, dernier volet d’une trilogie qui avait commencé avec Signes de vie en 2004 et A L’ombre du voile en 2006, ouvre la première saison de L’Envers du court en octobre.

L'Envers du court

Serge Mirzabekiantz. Son film de fin d’études Loin des yeux était déjà passé à la RTBF. L’Envers du court présentera One en novembre.« Je trouve cette opportunité géniale, parce que L’Evasion est en début de carrière. Ça fait des années que je me bats pour le court métrage, et je trouve qu’en tant qu’œuvre cinématographique, il a le droit à la même reconnaissance que le long métrage, d’autant plus qu’il est vu autant mais on n’en parle moins. On a le sentiment que le court est beaucoup moins vu parce qu’on en parle simplement moins médiatiquement. Mais via tous les festivals, les diffusions télé, les DVD, Internet, il y a un public pour le court. Qu’une émission comme celle-ci vienne mettre à l’honneur le court, c’est une juste réponse à la qualité du secteur. J’ai été sur le plateau de France 2 pour présenter le film mais l’émission [Histoires Courtes] passait à une heure du matin. Il y a quand même eu 224.000 personnes  réveillées à cette heure-là ! Ici, c’est une première heureusement diffusée à un horaire plus normal [22.30]. On est content de cet effort de promotion de la RTBF qui diffuse déjà beaucoup de films, ce qui encourage leurs auteurs. Par contre, la chaîne ne se donne pas encore les moyens de préacheter les films comme en France. En France, quasiment tous mes films sont préachetés sur scénario ou coproduits. Donc je trouve que c’est bien d’aider les films aussi dès l’origine à se monter parce que c’est très difficile de financer un court, surtout d’animation. Il y a moyen de faire du court en Belgique, mais j’avoue que je tiens le coup grâce à la France et en France, je dis que je tiens le coup grâce à la Belgique : je ne pourrais pas financer mes films rien qu’avec la Communauté française ni juste avec le CNC en général.»

l'Envers du court

 « Une émission de télévision ne sert pas spécialement à ce que les gens se disent : "ah, c’est le visage du réalisateur qui est derrière ce film-là". Ça représente plutôt une opportunité pour qu’un nombre important de gens puisse voir le film. Je ne fais pas du cinéma pour être le seul à le voir. Je trouve que c’est important de pouvoir parler de courts métrages, car pour nous, c’est une étape pour pouvoir passer peut-être au long ou en tout cas pour pouvoir faire d’autres courts. En soi, des gens peuvent faire très facilement de la promotion et d’autres moins. C’est un exercice qui ne me plaît pas spécialement, mais je comprends que c’est important et après tout, le cinéma est quand même une vitrine. Donc il faut pouvoir parler des films : c’est comme ça qu’ils sont vus et qu’on peut intéresser les gens.

L'Envers du court

 Marco Zagaglia. À peine sorti de l’IAD, il est le benjamin des réalisateurs invités. L’Envers du court qui lui est consacré sera diffusé en décembre. Ragazzo rosso est son  film de fin d’études.

« Je viens d’avoir 22 ans, je me sens jeune, j’ai envie d’expérience, de me nourrir de la vie pour pouvoir mieux la raconter aussi. Pour le moment, je n’ai pas de poids avec ce que j’ai fait avant à la différence des autres réalisateurs invités qui ont déjà fait des courts. Ce film reste un exercice. Je considère mon métier de cinéaste comme un outil de maçon : on construit quelque chose, mais la professionnalité s’acquiert au fil du temps. Tu ne l’as pas au bout de quatre ans d’école. Moi, je suis plutôt dans cette optique de parcours initiatique mais peut-être que quand j’aurai 50 ans, j’aurai toujours le même discours. Je ne m’attendais pas à ça maintenant. Je pense que c’est peut-être un peu tôt : c’est vrai, c’est un court, mais c’est un court d’école comme il y en a plein d’autres qui sortent en Belgique et en Europe. Mais je trouve que c’est intéressant parce que c’est une opportunité, parce que ça promeut les jeunes réalisateurs. »

 Géraldine Doignon. Elle avait déjà réalisé un portrait de femme, Trop jeune. Comme personne passera en janvier à l'antenne.Maintenant, à l’école, à l’IAD comme ailleurs, on ne nous prépare pas à ça. Mais ça va, je ne prends pas du tout l’exercice comme une pression. Je suis là pour parler d’un film que j’ai eu énormément de plaisir à faire et j’ai envie que les gens le voient. C’est bien de sentir de la part de la RTBF l’envie de pouvoir suivre les réalisateurs dans le développement de leurs projets, dans leur « carrière » : on ne va pas uniquement parler de ce qui est déjà acquis mais de ce qui est en devenir. Je prends l’expérience comme un encouragement. »

l'Envers du court

 « Ça me fait très plaisir que mon court soit diffusé sur la RTBF : je trouve ça bien qu’il soit vu par le public de mon pays et que la chaîne offre une visibilité énorme à ce type de film. Si les gens veulent voir un court, ils doivent se rendre dans les festivals ou regarder des émissions comme celle-ci qui sont extrêmement importantes pour faire découvrir les réalisateurs de demain. En plus, mon film fait 26 minutes; c’est une durée assez difficile à placer dans les festivals et les télés. Comme on gagne difficilement notre vie avec le court, ce genre d’invitation, de visibilité, c'est très motivant car on n’a pas souvent l’occasion d'entendre ce que des gens d’expérience (tels que Philippe Reynaert et de Renaud Gilles) ont à dire sur nos films. Ce qui est important aussi, c’est que je ne sens pas du tout de rivalité entre les réalisateurs. Dans le court, il y a une vraie solidarité, une vraie sympathie entre nous. Et on discute sans souci : "qu’est-ce que tu vas dire ? Combien t’as fait de films, de festivals ?" Par contre, ce n’est pas pour rien que je suis réalisatrice et que je suis derrière la caméra : être filmée, ça me fait flipper. Je n’aimerais pas être comédienne ! »