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Baby-sitting

Publié le 01/03/2000 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Tournage

A l'insu de leur plein gré

Chemin de Putdael, à Woluwe Saint-Pierre. Dans la cuisine d'une villa cossue. Une table ronde éclairée indirectement par des mandarines et par une boîte à lumière au-dessus de la table. Quatre enfants et Manon, une adolescente ayant revêtu le peignoir de la mère, sont disposés autour d'une table.

Manon

En face d'eux, des assiettes. Simon ouvre un Tupperware et s'exclame : " Berk ! ". Manon mimant la mère lui dit : " Simon ! Comment ça " berk " c'est délicieux ce crumble aux cerises ", ajoute-t-elle en constatant que l'intérieur du Tupperware est recouvert d'un duvet de pourriture.

Elle sort des soucoupes de l'armoire et sert à chacun des enfants des assiettes de crumble pourri tandis que Denis se tourne vers Paul : " Tiens au fond Paul, comment va le noyau de cerise que tu as avalé l'autre jour. On ne voit pas encore les branches sortir de tes oreilles ".

Vincent Van Belder cadre la scène scotché à l'oeilleton de la caméra Arriflex SRIII posée sur une Dolly Chapman.

Plan large des quatre gosses et de Manon. Puis, raccord dans l'axe, sur Manon en gros plan.

Celle-ci, contente d'elle, qui a terminé de servir les assiettes dit : "Miam, du bon crumble. Bon Appétit mes chéris".

Isabelle Bocken, la réalisatrice, suit la séquence sur un moniteur vidéo placé dans l'annexe de la cuisine sous l'oeil d'Alain Berliner, le producteur, que les gosses font sourire.

" J'ai fait beaucoup de baby-sitting moi-même, nous confie Isabelle Bocken, la réalisatrice. On s'inspire toujours un peu de choses qu'on a vécues mais ce n'est pas entièrement autobiographique. Avec les enfants, on a fait des répétitions, avant le film. Ils étaient plus à l'aise, ils avaient plus de temps et de repos. Ce qui est difficile pour eux c'est de les garder concentrés tout le temps.
On a pas fait de story board parce qu'on voulait voir comment les enfants allaient jouer et s'adapter. Tout est fait pour s'adapter par rapport aux enfants. Malgré tout on reste dans un seul lieu, autour d'une table sauf, quand les parents sont là, c'est-à-dire l'autorité. On a une image bien contrôlée, d'où la Dolly, mais quand ils se révoltent, à ce moment-là, on a des plans plus dynamiques, des plans caméra à l'épaule. Le film raconte une sorte d'engrenage, un jeu commence qui progressivement s'emballe et dérape ".

 

Producteur

" Tu me demandes comment on devient producteur ?" me confie Alain Berliner qui produit le film grâce à Wrigting For Entertainment. "Simplement, par envie de voir des films exister (je ne peux pas tous les faire ! Rires). J'aime vraiment bien le processus de production, notamment le développement du scénario. Il y a une participation au niveau de l'écriture mais pas d'une manière coercitive.

 

Alain Berliner

 

Il s'agit d'amener l'auteur à exprimer le mieux possible ce qu'elle veut dire et pas de substituer son désir au sien. Si on décide de produire d'autres réalisateurs que soi c'est pour leur permettre d'expliciter ce qu'ils ont envie de filmer. Pour Baby-sitting, à la lecture du scénario, j'ai beaucoup aimé l'histoire qui était contée ainsi que le ton utilisé. Il y a des gens dont on se dit qu'ils doivent faire de bons films si on les laisse faire et c'est le cas pour Isabelle.
Baby-sitting raconte les aventures de Manon, une jeune adolescente qui voudrait sortir et qui se voit, bien malgré elle, confier la garde de ses petits frères et soeur. Elle leur propose de jouer aux parents. A partir de là, la situation dérape. Il s'agit d'un film sur la manière dont les choses peuvent se transmettre de génération en génération dans les familles. Comment parvient-on à une situation où les enfants pètent les plombs tous ensemble.
Isabelle a bien du mérite de commencer sa carrière de cinéaste par un court métrage avec des enfants car c'est vraiment casse-gueule de diriger les mômes. C'est un défi. Mais je me dis que le film risque de n'en être que mieux".

 

Passion of mind

"Passion of mind, mon dernier film est financé à 100% par les Américains et produit par les européens. On a tourné principalement en Europe et deux semaines, au rythme américain, à New York. Les différences ? Ils comptent douze heures à partir du moment où on arrive sur le plateau, nous comptons huit heures par jour mais nous comptons les heures de préparation en plus. L'un dans l'autre les modes de production ne diffèrent pas tellement. Par contre, le mode d'organisation change mais je ne l'ai senti que lors du tournage à New York. A partir du moment où on est arrivé en France on a adopté les horaires syndicaux français.

Passion of mind, sortira en salles avant l'été. Sinon, je travaille sur trois projets qui sont différents, l'un est écrit en français et les deux autres en anglais. Je ne sais pas lequel se fera en premier. De toute façon, je ne suis pas très pressé de retourner en préproduction et en tournage. Je sors d'un rythme d'enfer qui a consisté à réaliser trois films en deux ans et demi. Ralentir me permet de mieux apprécier l'existence, de mieux apprécier le paysage ".

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