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Bénédicte Bourgois (RTBF)

Publié le 11/06/2013 par David Hainaut / Catégorie: Entrevue

Bénédicte Bourgois (RTBF): « Le court-métrage permet de me rendre compte où se situe l’esprit créatif de nos réalisateurs »

Si presque tous les festivals belges consacrent au court métrage une visibilité qui ravit souvent les cinéphiles, il reste toujours le grand oublié de nos salles obscures. Au grand dam souvent, d’un public qui en réclame.

Face à ce constat, la vitrine que lui offre, aujourd'hui, la chaîne publique, est une belle consolation. Même s’il faut se diriger sur La Trois, le mercredi soir, pour pouvoir en regarder. « A partir de la création de la troisième chaîne », explique Bénédicte Bourgois, en charge du court métrage à la RTBF, « la chaîne a choisi d’y caser l’intégralité des courts. Et donc, de ne plus en montrer sur La Une et La Deux. L’avantage, c’est que je jouis de plus de liberté dans mes choix qu’auparavant. Et l’inconvénient, c’est que la visibilité est moindre. J’ai juste une case qui s’intitule Tout Court, avec 3 ou 4 courts métrages que nous réunissons parfois par thème (Festival Anima, BIFFF, Festival de Cannes…), alors qu’à une époque pas si lointaine, nous produisions de vraies émissions avec une présentation, comme Fenêtre sur Court ou L’Envers du court. »
Alors qu’on pourrait imaginer la diffusion d’un court métrage en début de soirée, entre la fin d’un JT et le début du film du soir, voire le dimanche après-midi, le court métrage, niché sur la troisième chaîne donc, a en fait la vie dure ...en télé aussi ! « Ce n’est effectivement pas une grande priorité. Le budget mis à ma disposition n’est que de 30 000 euros par an. Il est scindé en deux : 15 000 pour des achats de courts métrages, 15 000  pour des coproductions. »  
Des montants qui sont en fait exactement les mêmes depuis…2006 ! Une somme qui lui permet donc d’acquérir, à raison de 75 € la minute (contre 50€/minute du côté de Be TV) les meilleurs courts métrages belges, majoritaires ou non, parmi la centaine qu’elle visionne pendant l’année. 

film, Le cri du homard« Le Cri du Homard, qui dure 29 minutes, m’a donc coûté beaucoup plus cher que Le Cône et le Bernard Lhermitte, qui en dure 6. Il s’agit donc de bien doser le tout, en variant les genres : animation, drame, fantastique ou comédie. Mes limites ? Même si je peux éventuellement me servir d’une signalétique pour éloigner parfois les plus jeunes, je dois éviter d’acheter des films hyper-violents ou des histoires d’inceste. On reste sur une chaîne publique ! »
En marge de ce travail, cette ancienne archiviste formée au cinéma par deux années de cours du soir, représente la RTBF en déambulant dans plusieurs festivals (Anima, Média 10-10, BIFFF, Brussels Short Film Festival…) pendant l’année, où elle remet des prix dotés de 1 500 euros, garantissant au lauréat une diffusion en télé. « Mais je n’ai ces droits que pour deux ans. Ceci dit, certains réalisateurs, comme Xavier Diskeuve, me laissent parfois définitivement les droits. La diffusion leur permettant de toute façon de bénéficier de droits d’auteurs. » Un job qui, malgré les difficultés rencontrées, semble plaire à cette femme aussi discrète qu’efficace. « Le travail est passionnant car il me permet de rencontrer beaucoup de gens et de découvrir des univers différents. Puis, c’est surtout intéressant de se rendre compte où se situe l’esprit créatif des réalisateurs belges, souvent très jeunes, voire de retrouver des plus expérimentés, comme Géraldine Doignon, à qui nous avons acheté un court (Le Syndrome du Cornichon) après qu’elle ait tourné son long (De leur vivant). »
Le court métrage restant aujourd’hui, rappelons-le, le laboratoire quasi-incontournable pour former les futurs Jaco Van Dormael, Vincent Lannoo et autre Joachim Lafosse.

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