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Cleo’s Boogie, de l’atelier Camera enfants admis

Publié le 12/04/2011 par Marceau Verhaeghe / Catégorie: Critique

Le pouvoir endiablé de la musique

A New York, deux vieux musiciens vivent dans un appartement délabré une retraite rythmée par le passage des trains.

Cleo’s Boogie, de l’atelier Camera enfants admis

Situé juste à côté d’une ligne de chemin de fer, la vieille maison où ils sont installés vibre à chaque passage de ces lourdes machines. Des vibrations qui mettent tout sens dessus dessous dans leur demeure. Alors qu’ils font leur vaisselle, une ancienne chanson à la radio réveille leurs souvenirs du temps où ils accompagnaient une chanteuse noire. Aujourd’hui, il n’en reste plus qu’une photo défraîchie sur une vieille affiche punaisée au mur mais, petit à petit, la chanson prend vie. Nos deux personnages se laissent entrainer par le rythme endiablé. Et quand la chatte noire entre dans la danse, c’est comme si la chanteuse reprenait vie.

Création collective de l’atelier liégeois Caméra etc.., Cléo’s Boogie illustre, comme Kin, la vitalité des ateliers de production d’animation. Mais pour Kin, la création collective se gère à l’aide d’un scénario très précis auquel chacun se doit de se référer, tandis qu’on dirait que l’écriture de Cleo’s Boogie est faite, au contraire, pour permettre à chacun d’exprimer sa touche personnelle dans un ensemble bouillonnant. Le film fait coexister un grand nombre de techniques diverses, n’hésitant pas même à passer du dessin à l’animation de volume et vice-versa. Débutant de manière très classique il bascule graduellement vers l’abstraction, et on n’est pas loin, par moment d’une animation expérimentale faites d’alternances de couleurs de formes et de volumes swinguant au rythme de la musique. Car la véritable âme du film, c’est ce morceau de boogie-woogie au rythme envoûtant. Quelque soit son côté disparate et évolutif, jamais Cleo’s Boogie ne s’écarte de ce qu’il est : un vibrant hommage d’amoureux au blues rugueux des bas-fonds de Brooklyn. Le joyeux mélange des genres, le côté un peu foutraque qui déconcertera plus d’un spectateur, est transcendé par ce fil conducteur. Et on tendra plutôt à mettre sa gêne de côté pour admirer la virtuosité des animateurs à passer d’une illustration à l’autre sans jamais perdre le beat et le charme de cette musique qui imprègne ces 6 minutes d’animation audacieuse, mais habitée.

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