On ne peut asservir l'homme qui marche, Henri Vincenot
J'avais envie de faire Saint-Jacques de Compostelle. L'idée trottait dans ma tête depuis quelques années, mais ce n'est pas tout de vouloir prendre la route... Ce n'est pas seulement ficeler son baluchon, empoigner son bâton et enfourcher ses petits petons. Non. Il faut une volonté de fer (et des mollets d'acier), il faut oser, tout quitter, s'aimer. À Pâques, je me suis lancée sur le Camino del Norte. C'était le bon moment. Je précise tout de suite que je n'ai fait qu'une portion du chemin, une infime portion, mais suffisante pour comprendre qu'un pèlerin est un étranger. Il laisse derrière lui son toit, ses proches, son passé, sans se retourner. Il est bien décidé à n'être qu'un corps et un esprit qui marchent, les poches vides, les pieds endoloris.