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Mur de Benjamin d’Aoust

Publié le 05/04/2007 par Grégory Cavinato / Catégorie: Critique

Dans un monde post-industriel, dans un grand zoning désaffecté, un enfant seul joue avec une petite balle de tennis contre un immense mur et produit un rythme qui rompt sa solitude. Soudain, ce rythme est perturbé par un rythme étouffé et en constant décalage. L’enfant, décontenancé, cherche et expérimente pour comprendre d’où proviennent ces échos. Il lance la balle de l’autre côté du mur... et elle lui est renvoyée quelques secondes plus tard.

 

Benjamin d’Aoust, né à Bruxelles en 1979 et diplômé d’ELICIT, s’est lancé dans l’écriture de Mur avec son co-scénariste Xavier Claus lors d’un séminaire d’écriture de scénarios organisé par Jean-Jacques Andrien. À deux, ils créent Lemurian Production asbl, fin 2004 et se lancent dans cette première aventure.

 

« L’idée de base est simple : le plus haut conflit que chaque personne doit affronter c’est lui-même, ses propres peurs, sa solitude, son « autre » intérieur, son double sombre. Un garçon, un trou, un mur, une situation. L’intention est de raconter une histoire simple, épurée, sans la moindre parole, et de la raconter grâce aux sons et aux ambiances visuelles. L’intention est également de parler de ce contact nécessaire avec ce qui nous effraie, notre face obscure personnelle, d’évoquer cette notion d’équilibre instable entre ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas de la réalité. Cette histoire toute simple représente ce besoin que tout un chacun a de s’accorder avec son inconscient. »

Dans un style épuré à l’extrême, ce qui risque d’en décontenancer ou d’en énerver certains, abordant des thèmes tels que la déshumanisation par le manque de communication, Mur est un film très court qui va jusqu’au bout de sa démarche, qu’elle plaise ou non. Laissant le champ libre à de multiples interprétations, D’Aoust traite finalement de sujets tous simples avec une démarche toute simple : des bruits, des sons, certains dont l’image ne révèle jamais la source, et la musicalité d’une balle de tennis ricochant contre un mur sont là pour transcender le quotidien du jeune garçon.

« La bande-son de Mur repose sur la notion de hors champ, de frontière, sur le constat d'impasse du visuel. L'image de cinéma ne peut et ne doit pas tout montrer. Inscrit au cœur de la narration, le son dans "Mur" a pour vocation d'ouvrir les portes de l'interprétation, de dépasser l'image. Qu'est-ce qu'il y a derrière le mur, dans ce noir absolu où la caméra finit par plonger? Il y a l'autre, l'alternative… le son. Et la possibilité que se reflète dans notre imagination, grâce à cette présence envoûtante, non pas une image, mais une infinité potentielle d'images. »

A votre tour de découvrir ces images et de vous faire votre propre opinion au BIFFF le 13 avril prochain dans la compétition nationale des courts nationaux.

 

 

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