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Damien Chemin

Publié le 12/01/2009 par Dimitra Bouras / Catégorie: Entrevue

rencontre Damien CheminLa veille de Noël, à l’heure des derniers préparatifs des réunions familiales, nous recevons Damien Chemin dans nos bureaux, décorés pour l’occasion par notre directrice. Une pluie glaciale fouette les rues de la capitale. 
Damien est accompagné de ses invitées. Profitant des fêtes de retrouvailles, il partage son agenda entre rendez-vous de travail et visites guidées pour ces dames sorties de l’été brésilien. Certes, il aurait pu leur jouer un tour plus agréable, mais elles n’ont pas l’air de lui en vouloir. L’humanité et la générosité qui se dégagent de ce monsieur doivent tout lui pardonner !
Nous nous adonnons à l’exercice périlleux de relier ses réalisations et recherchons des éléments communs. Mis à part ses deux derniers courts métrages qui mettent en scène une transformation morphologique de ses protagonistes (dans le Généraliste l’homme se réveille un beau matin affublé de cornes de cerf et dans la Monique de Joseph, c’est Monique qui hérite d’une belle tête de biche), nous analysons en vain ses précédents courts. Damien Chemin sourit devant notre perplexité et avoue lui-même sa difficulté à nous éclairer.

« En y réfléchissant, je me dis que ce qui me plaît, c’est de donner de la valeur à des anecdotes de la vie quotidienne. Souligner leur côté surréaliste, absurde et étrange. Pour La Monique, j’ai voulu introduire un élément supplémentaire. J’ai vécu mon enfance en milieu rural : j’avais beaucoup d’amis qui étaient enfants d’agriculteurs et rencontraient de grosses difficultés pour construire leur vie sentimentale. Lorsqu’on décide de se marier avec un agriculteur, on signe un contrat de travail à vie. J’avais des amis très proches qui n’arrivaient pas à avoir une relation car les femmes avaient peur de devoir passer leur vie à trier des pommes de terre. Cela m’a intéressé de parler de la place des sentiments dans la vie des agriculteurs. Comme cela paraît très difficile de faire coexister les sentiments et cette vie-là, j’ai introduit un élément vraiment absurde pour déclencher la remise en question, pour redonner de la valeur aux sentiments. »
C’est donc bien les caractères typiques de ce plat pays qui le titillent ; le surréel, l’absurde et l’imaginaire. Et ce sont ces mêmes traits qui lui ont fait découvrir le Nordeste brésilien et sa musique traditionnelle, le forro. Parti à la recherche des légendes véhiculées dans l’imaginaire populaire autour des célèbres Cangaceiros, des bandits d’honneur des terres arides du Sertao, il découvre les faits d’armes de ces héros dans les chants des ménestrels du Nordeste et produit deux CD de cette musique qu’il rapproche du bal musette. Musique populaire, mais pleine de l’histoire du peuple du Sertao.
Intrigués, nous voulons connaître ses projets : un road movie à l’époque moyenâgeuse suivant deux faux pèlerins qui, pour voyager en sécurité dans un pays secoué par la guerre et la misère, transportent de fausses reliques qui s’avèreront en bout de parcours, miraculeuses ! Ah, imaginaire quand tu nous tiens !

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