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De Ordonnans - Café Zonder Bier de William S. Edwards et Charles Frank - Belfilm

Publié le 05/07/2008 par Grégory Cavinato / Catégorie: Sortie DVD
Back Naar het Futuur !
De OrdonnansÀ l’initiative de l’anversois Jack Verdyck, un assureur passionné par le cinéma, fut créée en 1958 la société de production Unico Films avec pour but affiché de produire des «films flamands à l’allure internationale», destinés aux marchés anglais et américains.
 
Après quelques courts-métrages dans des styles différents, dont Europese Nachten (1958), un « musical » inspiré des Contes des 1001 Nuits et la comédie romantique tournée en langue anglaise Calling All Lovers or Eva (1959), tous deux présents en bonus sur cette édition de la collection Made in Belgium, Jack Verdyck décide qu’il est grand temps de se lancer dans la production d’un long métrage et met la main à la pâte puisqu’il débourse la somme non négligeable de 8 millions de francs pour le tournage de De Ordonnans – Café Zonder Bier, tourné simultanément en flamand et pour l’international dans une version doublée intitulée At the Drop Of a Head (les deux versions étant inclues pour votre plus grand bonheur dans cette édition 2 DVDs !) Verdyck fait appel au scénariste / acteur anglais Trevor Peacock (vu récemment dans Fred Claus, avec Paul Giamatti et Vince Vaughn) qui signe là un mélange assez improbable et terriblement déstructuré de comédie, d’aventures, de science-fiction, de romance, de chansons et de n'importe quoi, le tout dans un chaos scénaristique assez indescriptible ! 

Mon scénario / est décousu / si ça continue on verra le trou de mon…
Scénario / qu’est décousu…


En vedette, une grande star flamande de l’époque (c’est du moins ce que précise la jaquette…), le cow-boy chantant Bobbejaan Schoepen, une sorte de Roy Rogers belge, sosie de Fernand Raynaud, personnage candide, naïf, idiot et maladroit, un benêt rêvant d’être cow-boy depuis sa petite enfance malgré le fait qu’il n’a pas de cheval ! Un croisement raté entre Pee Wee Herman (en moins drôle) et surtout Chico Marx qu’il essaie de singer sans jamais vraiment y parvenir. L’énergumène va donc se retrouver embarqué malgré lui dans une aventure fantastique où, par le biais d’une machine à remonter le temps (deux boîtes en cartons, quelques bouts de ficelle et deux ou trois boutons qui font « bip » et « blip » et « tuut » feront l’affaire !) il se retrouve propulsé en 1801 dans l’armée de Napoléon au sein de laquelle il devient l’officier de service chargé de crier (ou dans son cas de chanter - soupir...) les ordonnances du grand homme de guerre. Moultes péripéties burlesques et cocasses (mais pas drôles, nuance...) vont s’ensuivre, et le suspense consistera à savoir si l’imbécile congénital pourra rentrer chez lui, en cette bonne vieille année 1962 dans sa DeLorean pour sauver le Doc des lybiens et empêcher le méchant Biff Tannen de... Ah, au temps pour moi, on me fait signe en régie que je m'embrouille dans mes fiches...
 


Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette Ordonnans a été victime d’une production extrêmement chaotique. Engagé par Verdyck, le réalisateur anglais William S. Edwards déclare vite forfait et quitte le navire sombrant devant un scénario anarchique et absurde, lamentable excuse pour mettre en valeur les talents (il faut bien le dire très limités) de comique de Bobbejaan Schoepen, plus doué pour le chant (c'est toujours ce que dit la jaquette, vous jugerez par vous mêmes!) que pour la comédie. Le film sera terminé un an plus tard par Charles Frank et sortira dans une indifférence quasi générale, avant d’être récupéré par le groupe de rock belge Dead Man Ray en 1998 qui le projette lors de ses concerts.

Décors de carton-pâte, science-fiction de pacotille (Roger Corman lui-même serait consterné par la pauvreté et le manque d’imagination des décors), cabotinage éhonté d’un acteur principal qui ferait passer Aldo Maccione pour Jack Lemmon, humour au ras des pâquerettes, scénario sans queue ni tête… Difficile de voir dans cette production naïve, hallucinante et surréaliste autre chose qu’une curiosité filmique, témoin d’une époque révolue du cinéma « comique » flamand… Le genre d’expérience indescriptible mais finalement pas forcément déplaisante dont on sort en se disant
« qu’il faut vraiment le voir pour le croire »…

De Ordonnans - Café zonder bier / At the drop of a head
de William S. Edwards et Charles Frank - 1962
Avec Bobbejaan Schoepen, Eve Eden, Denise De Weerdt et Charles Janssens

Le dvd est disponible sur le site belfilm.be

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