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En salle : Vidange Perdue de Geoffrey Enthoven

Publié le 09/06/2006 / Catégorie: Critique

Vidange Perdue de Geoffrey Enthoven

Réalisateur de publicités, clips vidéo et séries de fiction, Geoffrey Enthoven  s’était lancé dans le long métrage en 2001 avec un premier film, Les Enfants de l'amour qui avait remporté le prix du public lors du 27ème Festival du Film International de Flandre à Gand.

Vidange Perdue est son deuxième long métrage et fait partie de la série Faits Divers, sept films initialement destinés pour la télévision mais dont certains sont sortis dans les salles.

Suite au décès de sa femme, Lucien Knops, un octogénaire têtu, tente de vivre chez sa fille Gerda, mais son caractère bourru et son goût pour la boisson engendrent bien des disputes et Lucien décide de retourner chez lui.

Mathilde, sa maîtresse depuis des années et la femme de son meilleur ami Félix, l’aide dans les tâches ménagères ; mais manquant de mettre le feu à la maison, Lucien doit admettre qu’il n’arrive pas à s’assumer seul. Sa fille Gerda et son mari veulent alors l’envoyer dans une maison de repos mais Lucien n’est pas prêt à se laisser faire ! Seule sa petite fille Julie semble de son côté, mais elle part à Paris pour un échange Erasmus. Quant à Mathilde, elle se retrouve à l’hôpital. C’est alors que dans sa grande solitude, Lucien fait la connaissance de sa voisine Sylvia, une femme de quarante-six ans dont le mari, atteint de la maladie d’Alzheimer, vit en maison de repos. Avec Sylvia, Lucien réussit enfin à se prendre en charge. Elle lui apprend à faire les courses, la cuisine, le ménage, et même à se servir d’un ordinateur. Mais bien sûr, l’entourage de Lucien voit d’un mauvais œil cette femme venue s’immiscer dans la vie d’un octogénaire dont la fille espère se débarrasser au plus vite pour vendre la maison. Sans parler de Mathilde qui fait une crise de jalousie en pensant que Sylvia est la nouvelle maîtresse de Lucien…

Nand Buyl et Marijke Pinoy

Sans l’humour, Vidange Perdue aurait été un drame social fort moralisateur sur le sort des vieilles personnes dont les enfants veulent se débarrasser en les envoyant en maison de repos, mais traité sur un mode comique, le film acquiert une originalité et une relative légèreté qui le rend à la fois très drôle et émouvant. Dans cette tragi-comédie, il convient de souligner la performance remarquable de Nand Buyl qu’on avait notamment vu en 2001 dans Pauline et Paulette de Lieven Debrauwer et qui, avec 26 longs métrages à son actif, campe un Lucien Knops grincheux, amusant et attachant à la fois. 

Le réalisateur explique : “ Les seniors sont lents, simples et entêtés. Ils savent tout mieux que quiconque. Ils sont un danger sur les routes. Ils ne peuvent plus se prendre en charge.
Dans Vidange perdue, nous esquissons le petit combat de Lucien qui est dans l'hiver de son existence. Après la disparition de son exigeante épouse, il prend à nouveau en main le reste de sa vie. Et après l'hiver, vient à nouveau le printemps. D'une manière presque pubère, il lutte contre les attentes de ses enfants, petits enfants et amis qui lui ont été imposées”.  

Et en effet, Lucien est loin d’être gâteux ! Il ne retombe pas en enfance mais en adolescence, avec ses crises de rébellion contre sa famille et l’ordre établi. Mais c’est aussi un vieux grincheux, avec ses petites habitudes et ses rituels tels que les parties de billard entre copains et la bonne vieille Trappiste avec son meilleur ami Félix. Car Lucien est un bon vivant qui aime les petits plaisirs de la vie : boire, manger, observer les jeunes femmes… D’ailleurs, son âge avancé ne l’empêche aucunement de mener une relation adultérine avec Mathilde, ni de tomber amoureux de sa voisine Sylvia, de quelques trente-cinq ans plus jeune que lui !

Une tragi-comédie savoureuse à découvrir dans les salles à partir du 14 juin 2006.

 

 

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