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Fiona Gordon & Dominique Abel

Publié le 01/01/2001 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Entrevue

 

Dominique Abel et Fiona Gordon

On les croit tous jeunes, sortis d'une école de cinéma il y a peu. Ils ont dépassé la trentaine mais ont gardé une allure lunaire proche de l'enfance. On les imagine sorti d'une bande dessinée (leur principale lecture). Ils ont la maladresse touchante d'un Gaston Lagaffe et d'une Mademoiselle Jeanne. Mieux vaut prévenir que guérir si vous n'aimez pas le burlesque passez votre chemin. Mais ne vous étonnez pas si votre allure constipée vous vaut de recevoir une tarte à la crème en pleine poire, et pas à la Chantilly, non, non, au savon à barbe ! Il y a eu Laurel et Hardy, Abott et Costello, parmi les couples de comiques, désormais, il y a Abel et Gordon.
Il est Belge, elle est Canadienne. Inséparables dans la vie comme sur scène ce couple travaille dans le registre du burlesque. Ensemble, ils ont créé trois spectacles qu'ils ont joués dans une vingtaine de pays. Issu d'une culture populaire qui mélange de nombreux genres comme la comedia dell'arte, le music-hall ou la bande dessinée, le burlesque a donné toute sa mesure et sa démesure au cinéma.
" Les films de Chaplin, Keaton, Laurel et Hardy, c'est ce qu'on préfère, c'est ce qui nous inspire ". (Dominique Abel) "Le burlesque vient en jouant, en improvisant, en observant les gens ". (Fiona Gordon, avec un accent inimitable). " Souvent c'est un métier où l'on a trois casquettes : réalisateur, auteur et acteur.
En tout cas, Chaplin ou Keaton ont d'abord commencé sur les planches et Tati a fait quinze ans de music-Hall avant de faire un film et on a l'impression que c'est un parcours nécessaire "(Abel) " On ne choisit pas sa manière de jouer ; c'est lié à la personnalité. On fait rire ou pas. Ce n'est pas quelque chose que l'on décide soi-même " (Gordon). Ils ont une passion commune pour Chaplin et Laurel & Hardy, bien qu'ils reconnaissent que ceux-ci ont peut-être trop produit. Ils construisent leurs gags comme une planche de bande dessinée. Case par case, avec une chute dans la dernière case. D'ailleurs ils ne se cachent pas d'être, au cinéma des adeptes de la fameuse ligne claire mise à l'honneur par Hergé et l'école belge de la bande dessinée.
Merci cupidon (1994), leur premier film, coréalisé avec Bruno Romy est primé au Festival d'Amour de Mons. Comme acteurs, ils tournent dans Chocolat mon amour de Christophe Fraipont ("on a attrapé une crise de foie à force de manger des gâteaux au chocolat. Trop, c'est trop ! Christophe est quelqu'un qui ne dirige pas les acteurs avec des mots mais plutôt en les mettant en situation, en suggérant ").
Trois ans plus tard, Rosita, leur second court métrage reçoit des prix en Belgique, au Portugal et en Espagne.
Walking on the wild side (2000), un film burlesque et féerique, collectionne les récompenses dont, celle de Cinergie.be, reçue à Média 10/10, le Festival du court métrage de Namur, animé par le dynamique Jean-Luc François. Abel & Gordon, on pourrait les écouter pendant des heures sans se lasser, fasciné par l'accent saxon de Gordon, leurs airs espiègles, leur yeux pétillants de malice, leur humour à fleur de peau, le sens du coq-à-l'âne de Gordon qui rebondit dans les filets discursifs d'Abel.
On sourit, on rit, bref on s'amuse. Ça pétille. On à l'impression d'avaler des comprimés effervescents survitaminés. Le propre de l'homme et de la femme ? Le rire, assurément !

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