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Fluex de Niels Rawoens

Publié le 01/04/2003 / Catégorie: Critique

L'univers concentrationnaire a toujours été source d'inspiration pour bon nombre de dessinateurs et d'animateurs, de Maüs à Chicken Run. Niels Rawoens, tout frais diplômé de l'école néerlandophone RITS, n'a gardé de cette thématique que la question de l'homme éprouvé mentalement et physiquement, exploité de tout son être par de vils individus aux objectifs plutôt troubles.

L'intrigue se déroule dans les cellules d'une compagnie pharmaceutique qui séquestre de pauvres cobayes (des criminels, des malades, les gagnants d'un jeu concours organisé par Pfizer ? On n'en sait rien) pour les transformer en... antidépresseurs. Pour mieux comprendre, mieux vaut lire la notice : chaque condamné se voit inoculé un produit toxique dans la nuque, qui transforme son sang en fluide à usage clinique. Reste ensuite aux laborantins de récolter ce liquide. Ce qu'a voulu montrer Rawoens, c'est "comment les gens s'acharnent parfois sur les autres pour obtenir ce qu'ils veulent, sans prendre en compte leurs souffrances" (dixit son remarquable site). On peut y voir une critique de l'arrivisme tenace qui gangrène nos sociétés, quelle que soit sa forme (un exemple parmi tant d'autres, mais d'actualité : la détermination crasse de Bush à vouloir écraser l'Irak), et pourquoi pas la dénonciation de cette sale (et lâche) habitude qu'est devenue la prise de drogues en tous genres, de l'alcool au Xanax. "All names of people, companies and products portrayed in this movie are fictitious. Any resemblances is unintentional and purely coincidental", lit-on d'ailleurs à la fin du film...

 

Au niveau technique, Rawoens a utilisé le programme informatique LightWave 3D : l'animation par ordinateur et le choix du noir et blanc (ou plutôt gris et gris) rajoutent à l'histoire, déjà bien sinistre, une dimension clinique et glaciale. La fluidité est parfaite, et la bande sonore inquiétante (toute en bruits clapoteux). Un court métrage fort réussi, qui rappelle d'autres films (Requiem for a dream, Fortress, Soylent Green), mais dont la mise en scène se révèle le signe d'une carrière à suivre. 

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