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Gelée précoce de Pierre Pinaud

Publié le 01/06/2000 par Nicolas Longeval / Catégorie: Critique

Rien de particulier dans la vie de la petite Caroline : après l'école, murmurant des chansons à l'oreille de son timide lapin de compagnie, elle promène sagement ses baskets de fille unique sur les trottoirs propres mais gris de son quartier résidentiel.

Gelée précoce de Pierre Pinaud

Le ciel est lourd mais tout va bien dans le plus carré des mondes : elle habite une jolie maison, s'ennuie à table et soupire sans arrêt, comme si elle imitait ses parents, gentils et bien comme il faut, mais un peu à la masse, étranges parfois, et bientôt hystériques : papa n'a jamais été à une maladresse près et trouve normal de prêter Pitou à un collègue de bureau, pour la reproduction. La quoi ? Maman regarde papa, qui regarde maman.
En plus, aux dires du collègue en question, Pitou serait pédé ! Maman regarde papa. Euh, un lapin mou ! C'est… enfin, c'est sale, voilà ! Oui, c'est ça, c'est comme les voisins, ceux de derrière… Et quoi ? C'est délicat, d'accord, mais quand il s'agit de parler de cul, par exemple, 'y a plus personne qui a des couilles ? Caroline ne fait plus ses devoirs. A la façon du rat en cage de Sitcom, de François Ozon, la petite bête prostrée dans son silence fend la grisaille de la névrose installée : la crise de nerfs gronde et les premiers éclairs jaillissent, tournant en ridicule l'esprit niais et ovin des bien-pensants qui se confondent en balourdises. Excellents, les comédiens s'en donnent à cœur joie dans ce qui, aux yeux de la fillette, devient une farce grossière. Le film français de Pierre Pinaud, Gelée précoce, était une première diffusion en Belgique.

 

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