Cinergie.be

Guillaume Malandrin

Publié le 15/01/2001 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Entrevue

Un cöté moitié bohème, moitié arty, du genre à éviter le mainstream avec les ruses d'un vieux routard des années septante. Un look nippes usagées, pantalon baggy et veste de cuir noir de motard usée. Il promène un regard distrait dans la pièce où Dimitra, notre webmistress, et votre serviteur, l'oeil alerte et la barbe socratique, bossent pour vous confectionner Cinergie.be. Son regard s'arrête. Clic. Sous l'oeil verdâtre et froid des écrans d'ordinateurs allumés et branchés sur internet. Clac. Enregistré. Né à Paris, Guillaume Malandrin a la chance, dans les années 80, d'avoir un père cinéphile qui magnétoscope systématiquement les films des ciné-clubs de Claude-Jean Philippe sur Antenne 2 (le vendredi, après l'émission littéraire de Pivot) et de Patrick Brion sur FR3 (le dimanche soir à minuit), ce qui lui permet de se forger une culture cinématographique dont il n'imagine pas qu'elle puisse un jour lui servir. En effet, l'image qui l'intéresse est l'image fixe : la photographie.

Guillaume Malandrin, réalisateur

 

Lorsqu'il débarque à Bruxelles, à l'INSAS, en section image, il croit entrer dans une école de photographie et découvre avec amusement qu'on lui apprend à enregistrer de l'image en mouvement. Petit à petit, il se prend au jeu, rencontre Michel Cauléa avec lequel il co-écrit le scénario de Deux ramoneurs chez une cantatrice, Vincent Tavier (Ça c'est passé près de chez vous), et fréquente avec assiduité les premiers rangs du Musée du cinéma, à raison de deux films par jour pendant plus de deux ans. Il réalise en 1992 Qui déménage, une comédie sentimentale de 18' produit par L'Atelier de réalisation de l'INSAS. 

Les Malandrin sont deux.
Pardon ? Comme les frères Dardenne ou les frères Coen ? Il y a les Malendrin. Moui. Guillaume et les images, c'est le coté pile de la médaille, coté face Stéphane, le frangin, obsédé par l'écriture (nouvelles, romans, essais - un bref passage aux Cahiers du cinéma comme critique). Une gémellité de talents. O Brother. " Mon frère écrit comme il respire (un drôle d'oiseau, assurément). Il anime une émission sur le court métrage avec France Roche sur Ciné-Cinéma et me rejoint à Bruxelles. " Un couple complémentaire, redoutable lorsqu'ils sont ensemble (vous risquez d'être la balle de ping pong qui voyage entre deux raquettes pratiquant le lift à la perfection, c'est le souvenir qu'en a votre serviteur, lors d'une fête donnée par Anouchka De Warichet, productrice il y a peu de l'AJC). Cette même Anouchka produit Bonjour (Stéphane en co-scénariste et Guillaume à la réalisation), une comédie burlesque de 18' où Pascale Salkin, découverte par Guillaume au théâtre Varia, donne toute la mesure de son immense talent.
" Ensuite, il y a une période de gagne-pain comme assistant de Stéphane Vuillet et d'Alain Berliner sur Ma vie en rose, et la participation à la série Monsieur Manatane, diffusée par Canal+ avec Benoît Poelvoorde ", c'est une longue période faite de divers boulot alimentaires. " Hum...hum " il toussote.
Il fonde Todo Modo avec Vincent Tavier, avec lequel il réalise le très surprenant Les Chanoines, Namur, Lourdes, Namur, un documentaire en vidéo Dv-Cam (Guillaume à l'image et Vincent au son).
En 1999, il fonde La Parti, avec Stéphane Vuillet, Philippe Kauffmann et Vincent Tavier, une nouvelle boîte de prod. Celle-ci produit, Raconte. " J'avais un projet de film burlesque qui s'appelait Les Gugusses, une comédie avec une douzaine de personnages, c'était assez compliqué à mettre en scène et je n'ai pas réussi à le produire. Le projet de Raconte traînait dans mes tiroirs et me plaisait bien. Ça n'avait rien à voir avec la comédie, ce qui n'était pas évident pour moi qui ai toujours le désir de faire des films drôles. Je me suis un peu découvert d'autres centres d'intérêt en réalisant ce film. En ce moment nous écrivons mon frère et moi un scénario de long métrage qui s'appelle Où est la main de l'homme sans tête. Ça se voulait très absurde et j'arrive à un scénario de plus en plus mental, le nonsense n'étant plus ce qui apparaît en premier. " Et d'ajouter : " C'est un projet qui est né avec l'idée de réaliser un film utilisant le visuel de Bruxelles ". Ceci étant, on a des projets avec Martine Doyen, Stéphane Aubier et Vincent Patar, (une série d'animation qui s` appelle : Les Paniques).

Raconte sera montré au Festival International du film de Bruxelles le 20 janvier 2001. Il est également sélectionné au Festival de Berlin et au Sundance Festival aux États-Unis. Cré vingt dieux ! Il va rencontrer Robert Redford !

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