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IAD : courts métrages 2005-2006

Publié le 06/10/2006 par Grégory Cavinato / Catégorie: Critique

I.A.D. 2005-2006

Un DVD, treize films, cinq fictions, sept docus, un clip, deux canaris, une chèvre, et surtout... beaucoup d'espoirs. Cette année encore, l'IAD, l'Institut des Arts de Diffusion de Louvain-la-Neuve nous a fait parvenir une sélection de courts réalisés par une poignée de cinéastes en herbe de dernière année. Notre sélection...

Ange, de Nikolas List, 16'40''

Un fabricant de poupées solitaire et dérangé du bulbe est fasciné par un ange tombé du ciel, exhibé comme phénomène par un odieux montreur de foire. Il va kidnapper l'ange au troublant visage de jeune fille et en faire « sa chose »...
De toute la sélection, il n'est pas difficile d'attribuer la palme de l'ambition au film de Nikolas List. De toute évidence fan de fantastique gothique, son film fait preuve d'une qualité picturale impressionnante pour un budget que l'on imagine réduit.

Ses influences multiples ne se mettent heureusement jamais dans le chemin de la narration, comme c'est encore souvent le cas dans certains films de cinéastes confirmés. Alors même si le scénario de Ange, très classique ne va pas révolutionner le genre, il s'agit d'un essai efficace débordant d'amour pour le fantastique et pour les personnages déjantés, qui ne raconte finalement rien d'autre qu'une histoire d'amour morbide un peu comme le récent et bouleversant May, de Lucky McKee.
Soulignons la qualité des maquillages spéciaux, l'interprétation habitée, toute en regards malsains de l'inquiétant Sébastien Schmidt et il nous reste à espérer que Nikolas List n'en restera pas à ce coup d'essai transformé en coup de maître...
photo du film Habitants


Les Habitants, de Raphaël Balboni, 12'49''

Sélectionné au Festival de Namur, Les Habitants nous narre la rencontre entre un recenseur venant annoncer aux habitants du bord d'une route que celle-ci va être prolongée et que la forêt environnante va être rasée pour laisser place au bitûme...
Parmi ces habitants, le bien connu Jan Hammenecker et une tribu de personnages tous plus farfelus et dérangés les uns que les autres. Baignant dans une ambiance comico-fantastique rendant hommage au réalisme magique (on pense à Un Soir, un Train d'André Delvaux ), Les Habitants amusera les amateurs de curiosités et d’absurde décalé très belgo-belge dans l'âme...


Le Médaillon maudit,
Une aventure de Harry White, de Pierre Puget, 09'15''
2200 avant J-C, Dynastie des Xia. Les anciens alchimistes capturent un démon millénaire et l'emprisonnent dans un médaillon. 1888. Harry White, un aventurier charmeur et intrépide retrouve l'objet. Mais les forces du mal tentent de s'en emparer.
L'art de la parodie a été tellement galvaudé ces vingt dernières années qu'il est difficile aujourd'hui d'innover en la matière. Le film de Pierre Puget, animé d'excellentes intentions manque quelque fois sa cible mais reste parfaitement agréable.
Hommage aux sérials américains des années 30-40 et par extension, aux grands héros classiques (Indiana Jones, Allan Quartermain et consorts... ), Pierre Puget a revu en boucle Les Aventuriers de l'Arche Perdue. Il reprend donc au film de Spielberg sa structure et y ajoute un humour très second degré. Animé d'un esprit réjouissant, Le Médaillon Maudit souffre peut-être d'une durée beaucoup trop réduite pour se permettre d'exploiter jusqu'au bout son idée de départ. Trop ambitieux pour 9 petites minutes?
Heureusement, un carton final nous prévient que « Harry White reviendra dans Le Repos des Guerriers »... Wait and see...
Cinergie sera au rendez-vous.


C'est le roi de qui ?, de Jérôme Quin, 15'59''
Le réalisateur Jérôme Quin se met en scène pour évoquer sa relation avec Dédé le marin, un vieil homme qui, pour lui, fait office de grand-père depuis la disparition du sien lorsqu'il avait 13 ans. Le documentaire est entrecoupé d'anecdotes en voix off que sa famille racontait sur le patriarche disparu.
Quin filme Dédé, vieil homme à la santé chancelante tour à tour acariâtre et bon enfant, et le suit dans son morne quotidien, accompagné d'une équipe technique envahissante. Ce qui nous vaut plusieurs coups de gueules mémorables du vieillard, clairement excédé par l'intrusion de la caméra dans son intimité. A certains moments, l'exercice semble s'apparenter pour Dédé, distant et éteint, à une véritable torture. Le malaise est prégnant pour le vieil homme comme pour les membres de l'équipe. 


O.M.P., de Jonas Canon, 25'39''
Acronyme de « Orcheste. Mouvement. Perpétuel. », O.M.P. est le portrait de Peter Bultijinck, chanteur d’origine oostendaise, 33 ans, inspiré par Iggy Pop et les Stooges, Ravel, Gainsbourg et Prokofiev et puisant dans tous les styles, de la chanson anglo-saxonne au classique en passant par le punk.
Le chanteur est filmé en concert et interviewé sur un bout de plage à Oostende. Le garçon est sympathique et ses commentaires parfois amusants :« Léonard Cohen et Jacques Brel sont des punks dans l’âme », « marcher avec les chaussures d’un autre n’a pas de sens car ce n’est pas la bonne pointure », le héros du film, par sa sympathie et sa sincérité, arrivera pourtant en fin de compte à nous convaincre d’aller l’admirer en concert. Un concert par ailleurs filmé avec sobriété et un art consommé de la belle photographie.

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