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Intégration Inch’Allah de Pablo Munoz Gomez

Publié le 15/12/2016 par Sylvain Gressier / Catégorie: Critique

En 2013, Pablo Munoz Gomez, alors fraîchement sorti de l’IAD, réalisait Welkom, court-métrage de fiction dans lequel Jorge devait apprendre le flamand afin d’obtenir un permis pour construire un poulailler où loger le gallinacé dont son père s’était épris.
Déclinant cette fois la question de l’intégration sous la forme documentaire, le réalisateur ne se départit pas d’une certaine dose d’humour et d’une légèreté bien salutaire quand il s’agit d’aller questionner le rapport à autrui.

Intégration Inch’Allah de Pablo Munoz Gomez

Intégration Inch’Allah nous invite à la rencontre d’une classe d’immigrés extra-européens suivant à Anvers un parcours d’intégration, “ Inburgering ” en flamand. Composé de cours d’intégration sociale, et de cours de langue, le programme est gratuit mais obligatoire sous peine d’amende et de retrait de toute aide sociale potentielle.

Parmi la multitude des arrivants venus des quatre coins du monde se présenter aux guichets de l’Inburgering, c’est un groupe arabophones que le réalisateur décide de suivre, durant les sept semaines au terme desquelles, chacun se verra remettre ou non un certificat validant son cursus.
Venus de Syrie, d’Érythrée, d’Irak ou du Maroc ces femmes et ces hommes suivent les cours de Ahmed professeur de citoyenneté, chantre de l’intégration, et personnage central aussi sympathique que paternaliste.

Le spectateur suit le groupe au fil des classes et des sorties, découvrant au fur et à mesure les témoignages et réflexions des personnalités des élèves aux parcours souvent tragiques.Semaines après semaines, dans une ambiance studieuse et vivace, le petit groupe est confronté aux questions qui traversent la société et les manchettes de journaux. La relation homme/femme, les questions de genre, le sentiment d’appartenance ou d’empathie lorsque frappent les attentats de Paris en novembre 2015, sont autant de sujets de débat qui animent les heures de cours.
Documentaire d’observation, le film fait corps avec son sujet et livre tel quel l’image véhiculée par le discours professoral, celle d’un pays accueillant pour chacun et ferme quant à ses lois et principes. La réalité du quotidien, elle, est toujours sous-jacente, s’écrivant en filigrane dans les détails des interactions humaines où se révèle l’écart qui existe souvent entre la théorie citoyenne et la pratique sociale.

Que signifie s’intégrer ? Sujet clivant sur lequel chacun ou presque a un avis. Là est la force du film, celle de passer le pas de la porte de cette classe d’intégration et de mettre en lumière avec force de simplicité ce qui s’y joue
Apprendre la langue, se former, travailler, comprendre et se plier à la législation en vigueur, faire preuve de sujétion quant aux moeurs et coutumes d’un pays, c’est au final bien peu de choses quand on a déjà eu la force de tout quitter.
Mais pour l’étranger, participer à une société, nécessite aussi que, celles et ceux que le droit du sol a exempté de tout devoir légal d’ouverture d’esprit, à intégrer à leur tour, l’existence de l’autre.

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