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Jean-Claude Van Rijckeghem : Pas sérieux s’abstenir

Publié le 12/09/2007 par Dimitra Bouras et Katia Bayer / Catégorie: Entrevue

Sa boîte, A Private View, située à Gand, produit, avec Artemis Productions et Egmont Films, Man zoekt vrouw (Pas sérieux s’abstenir), le dernier Van Hoogenbemt. Bardé d’un sourire permanent, il narre avec enthousiasme (« ça se passe très bien ») la collaboration avec les francophones, le travail avec Miel, les projets (ah, les projets : question indémodable) et aborde même la situation du cinéma flamand. Et on l'oublierait presque parce qu'il est modeste mais il est aussi l'un des scénaristes du film qui nous intéresse pour l'instant. Comment le sait-on? C'est écrit quelque part...

Jean-Claude Van Rijckeghem : Pas sérieux s’abstenir

Cinergie : Parlez-nous de ce film…

Jean-Claude Van Rijckeghem : Man zoekt vrouw (en français, Pas sérieux s’abstenir), c’est l’histoire d’un homme de 60 ans, Jan Decleir, qui vient de prendre sa retraite et qui est veuf. Il part à la recherche d’une femme. Son voisin sait où les femmes se trouvent aujourd’hui : sur Internet et il lui fixe un certain nombre de rendez-vous. C’est donc l’histoire d’un homme qui recherche l’amour.

C : Parlez-nous de cette coproduction. Comment cela se passe-t-il ?

J.-C. VR : Ça se passe très bien. On produit le film avec Artemis Productions. Patrick Quinet a tout de suite été amoureux du scénario. Nous avons reçu l’aide de la Communauté française et on a aussi un partenaire aux Pays-Bas, Egmont Films. Donc, c’est une coproduction entre trois régions. Il y a aussi des techniciens francophones sur le plateau et ça fonctionne parfaitement. On a aussi choisi une actrice francophone, Manuela Servais, qui est l’une des femmes qui a rendez-vous avec le personnage principal.

C : C’est la première fois que vous montez des coproductions avec l’autre côté de la frontière ?

J.-C. VR : Ah, non, c’est la quatrième fois ! On a fait Le Ballon sorcier et Science fiction de Marion Hänsel. J’ai aussi coproduit Miss Montigny avec Entre Chien et Loup. Et l’année prochaine, on va coproduire Formidable, le deuxième film de Dominique Standaert, toujours avec Artemis Productions. On fait beaucoup de coproductions; on aime bien ça (rires) !

C : Est-ce la première collaboration avec Artemis ?

J.-C. VR : Oui. Et ça fonctionne très bien. J’espère que ce sera le début d’une longue collaboration.

C : Quelle est la ligne de la maison de production ?

J.-C. VR : On existe depuis 13 ans. Au début, on faisait surtout des films pour enfants, des films pour jeunes. Donc, on a commencé avec De Bal (Le Ballon sorcier), ensuite, on a fait Science fiction sur le thème d’un petit garçon qui pense que ses parents sont des extra-terrestres. On a coproduit Eric au pays des insectes (un petit garçon entre dans une peinture et découvre le monde des insectes). Maintenant, on travaille sur des comédies. L’année dernière, on a fait Week-end prolongé (Verlends Weekend), une comédie dramatique. Et ce film-ci est aussi une comédie très romantique.

C : Est-ce que dans ce film, on retrouve un peu l’univers de Miss Montigny ?

J.-C. VR : C’est totalement différent. Je pense que Miel a toujours été un documentariste et je trouve qu’on le sent un peu dans Miss Montigny et aussi dans Man zoekt vrouw. Ce sont deux films d’acteurs, mais pour le reste, les deux histoires sont très différentes. Miss Montigny est très dramatique, c’est un film sur une fille qui doit devenir adulte alors qu’ici, c’est plus une comédie de mœurs, avec un soupçon de tragédie quand même. Nous aimons bien les histoires qui se terminent entre une larme et un rire.

C : En tant que francophone, on s’imagine qu’en Flandre, la situation va beaucoup mieux, que l’argent se trouve bien plus facilement…

J-C VR : Je ne sais pas si c’est le cas. Peut-être… Patrick [Quinet] m’a aussi dit qu’il est plus facile de trouver des investisseurs en Flandre. Mais on pense toujours qu’en Wallonie, vous avez la France, vous parlez la même langue, vous avez 70 millions de francophones tandis que nous, on a cinq millions de Flamands et dix millions de Hollandais qui ne parlent pas la même langue que nous !

C : Les Hollandais vont-ils voir les films flamands ?

J.-C. VR : Ça fait très longtemps qu’ils ne font plus ça. J’aimerais que ce soit le cas. Et je sais que dans l'autre sens, ce n’est pas évident non plus. C’est très difficile de trouver un distributeur en France à moins d’être les frères Dardenne.

C : On constate par contre que le public flamand va voir « ses » films en salles.

J.-C. VR : Oui. C’est une tendance remarquée ces deux dernières années, je pense. Avant, c’était plus difficile. Mais ces deux dernières années, il y a quand même eu un certain élan : les gens vont voir leurs films.

C : Y a-t-il eu un film en particulier qui a suscité cela ?

J.-C. VR : L’Affaire Alzheimer (De Zaak Alzeimer). Ça a marché, mais ça a marché ! Il y a eu 800.000 entrées; presque un Flamand sur cinq est allé le voir. C’est énorme quand même ! C’est à partir de ce film-là que cinq téléfilms, cinq faits-divers dont Verlends Weekend (qu’on a produit) sont sortis. Tous ont assez bien marché. Ceux qui ont moins bien marché ont quand même fait 30.000 entrées. C’est pas mal. Ça a beaucoup « boosté » les films flamands. Autre élément : Kinepolis sort maintenant presque tous les films flamands. En même temps, [on constate l’apparition] des bandes-annonces et enfin, la télévision a vraiment fait un effort de publicité énorme. Une fois qu’un film marche bien, le bouche-à-oreille commence. Parce que L’Affaire Alzheimer, ça a débuté lentement et ça a augmenté pendant 6-7 semaines.

C : Est-ce que vous avez un problème de salles, en Flandre ?

J.-C. VR : Oui. J’ai travaillé dans la distribution dans une vie antérieure. On n’a naturellement pas le problème de Bruxelles où tout doit vraiment sortir. Mais ça reste un problème. Il n’y a qu’à Anvers où ça va, parce qu’il y a énormément de salles là-bas. Mais par ailleurs, il y a aussi beaucoup de compétition : 24 films tournent chaque semaine.

C : Il y a le projet Diagonale qui conçoit la réunion de salles art et essai en Belgique francophone. Est-ce que vous pensez que c’est une possibilité de solidarité envisageable en Flandre ?

J.-C. VR : Je sais que trois ou quatre salles en Flandre ont fait des efforts pour se rapprocher. Mais c’est difficile, parce que tous les multiplexes proposent des films art et essai depuis ces deux dernières années. Par exemple, Babel, l’un des meilleurs films de l’année, sort dans les salles art et essai mais aussi dans les multiplexes.

C : Vous avez des projets en cours de montage avec des coproductueurs soit francophones soit étrangers ?

J.-C. VR : Pour le moment, pour Formidable de Dominique Standaert, on a reçu l’aide de la Commission flamande. Ça sera la deuxième coproduction Artemis/A Private View. Après, c’est toujours difficile de prévoir dans le milieu du cinéma. Il faut espérer avoir des projets assez intéressants pour susciter l’intérêt des fonds…

C : Qu’est-ce que vous avez envie d’ajouter à propos du film en cours pour conclure l’interview ?

J.-C. VR : Je pense que Pas sérieux s’abstenir est une comédie de notre temps qui recouvre des thèmes et des personnages très contemporains. Donc, je pense que le public va se reconnaître dans cette histoire d’amour, de déception et de comédie. Voilà !

C : On a la bande-annonce !

J.-C. VR : Oui ! (rires)

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