Ce film documentaire de Thierry Michel sur Moïse Katumbi, ne fait pas seulement le portrait d'un richissime homme d'affaires connaissant bien le jeu du capitalisme financier, il s'interroge sur l'arrivée au pouvoir de financiers qui entendent représenter politiquement la population de leur province (le Katanga) ou de leur pays (Berlusconi est leur modèle). Dans le monde entier, nous découvrons des hommes politiques qui se présentent sans autres moyens que leur réussite dans le business. Ils mélangent les affaires publiques et privées, médias et sport (Katumbi est président d'un célèbre club de football).
L'irrésistible ascension de Moïse Katumbi
Publié le 15/09/2013 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Sortie DVD
Cinq ans après avoir réalisé Katanga Business, Thierry Michel s'interroge sur ce nouveau "leadership" qui gagne le pouvoir via le parcours de Moïse Katumbi, en questionnant aussi les autres candidats, les ONG, et les syndicats dans la riche province du Congo. L'accession au pouvoir a-t-elle changé de mains depuis que le "self interest" (l'intérêt privé) dans le système de la libre entreprise a remplacé l'état centralisateur (déjà la bête noire de l'économiste écossais Adam Smith, au 18e siècle) ? Poser la question est aussi se demander si ce type de politique, dominée par l'économie, qui prend le pas sur le rôle de l'état en ignorant le social (bon pour les communistes) et la culture (remplacée par le sport) conservera encore longtemps son impact face à l'opinion publique. Celle-ci peut se lasser des décisions d'une pensée faible, molle et opaque. La politique, en démocratie, est fluctuante comme un bateau ivre dans des fleuves qui alimentent la mer plutôt que comme un pédalo (1). La gouvernance économique, financière et dérégulée devenue, est un système qui repose davantage sur une illusion que sur des faits concrets. Enfin, une autre question surgit à partir de ce documentaire qui explore les filets du pouvoir : les autres continents (Afrique, Asie) doivent-ils adopter l'arrogance du "topos" occidental pour se "mondialiser" et être à la mode chez les Occidentaux qui continuent à spéculer sur le marché des matières premières ?
En bonus, deux courts métrages de Thierry Michel : ASBL Justicia et Les repentis, ainsi qu'un entretien filmé du cinéaste par cinergie.be.
(1) Sur la question du pouvoir politique, mensonge ou ignorance, lire Hannah Arendt (Du mensonge à la violence et La crise de la culture-Vérité et politique, chapitre VII) et aussi L'Universel (Chine-Occident) de François Jullien, éditions de poche.
L'irrésistible ascension de Moïse Katumbi, un film de Thierry Michel, édité par les films de la Passerelle.
