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La 29ème édition de Média 10-10

Publié le 11/12/2007 par Katia Bayer / Catégorie: Événement

Depuis 1972, le court métrage a droit de citadelle à Média 10-10. En 2008, le festival namurois fêtera une édition ronde (30 ans). Cette année, entre le 14 et le 18 novembre, le format court s’était infiltré dans plusieurs cases de la programmation. Outre les 44 films en compétition répartis en trois genres (animation, fiction, documentaire), des thématiques avaient été dégagées : le sport en ouverture, deux cartes blanches (l’une consacrée à la Flandre, l’autre à la Hongrie), un programme scolaire proposé par Anima, la réalisation d’un film dans le cadre de l’atelier Zorobabel et une fenêtre sur les très courts en clôture.

Cette année, 44 films sur 148 ont été sélectionnés et répartis en sept séances, quatre consacrées à l’argentique et trois au numérique. En catégories, cela se traduisait ainsi : 22 fictions, 12 animations et 10 documentaires. Pour cette édition, les films d’école étaient à nouveau très bien représentés : le tiers de la programmation avait été fourni par la Cambre, l’INSAS, l’IAD, l’INRACI et l’école Albert Jacquard. Média 10-10 n’est pas un festival international : les films doivent impérativement être réalisés, produits ou coproduits au sein de la Communauté française. Pourtant, des fenêtres extérieures, hongroises et flamandes, avaient été ouvertes dans le cadre de cartes blanches suivies avec intérêt. Rare est l’occasion de découvrir cette confidentialité liée au court métrage étranger…

Retour à la compétition nationale, côté court fictionnel. Delphine Noëls, concentrée sur son premier long, a été récompensée pour Ni oui ni nom (meilleure fiction), Kadija Leclere pour Sarah (meilleure bande sonore), Emmanuel Jespers pour Deux sœurs (meilleure image numérique), Serge Mirzabekiantz pour One (meilleure image). Dernier voyage de Pierre Duculot a obtenu le Prix « Tout Court » et Gaëtan Leboutte, le Prix du Public, pour L’élocution, son film de fin d’études.

Impossible de parler d’un festival de courts sans mentionner une catégorie fondamentale, le documentaire. Pourtant, cette année encore, dans la sélection, le regard sur le réel fut plutôt décevant. Souvent, une confusion apparaissait entre film et reportage, cinéma et télévision. Le point de vue aurait-il disparu ? L’œil du documentariste semble s’être reposé entièrement sur son/ses sujets sans qu’un scénario ne semble avoir été imaginé pour autant. Cette faille se ressent malheureusement à l’image et se constate à la durée : les films s’étirent en longueur avant d’aboutir négligemment à une chute, plus ou moins orchestrée. Comme des lignes supplémentaires mais inutiles à une dissertation, les minutes sont rajoutées inlassablement. La moitié des documentaires vus à Média 10-10 provenant des écoles. Il faudrait peut-être y revoir l’accompagnement dans l’écriture… Une jolie exception néanmoins : Papa... de Aïcha Thiam, le premier film d’une jeune femme s’adressant, à cœur et lettre ouverts, à son père disparu. Papa... soit six petites minutes d’émotions récompensées par le Prix du meilleur documentaire.

Reste l’animation, la catégorie la plus qualitative en toute subjectivité. Irinka et Sandrinka, une première réalisation touchante livrée par Sandrine Stoïanov : une petite fille interroge sa grand-mère sur son histoire pendant que des photos de famille se baladent dans le récit et que des incrustations de collages côtoient des balades russes. Le film a reçu le Prix de la Presse et le Prix des Auteurs. Quand à la chaîne Be tv, c’est Do-it-yourself d'Eric Ledune qui a été retenu pour son cours sur les droits de l’homme (à moins que ce ne soit du poisson ?) bafoués.

Parler d’animation en Communauté française sans évoquer la Cambre, c’est un peu comme mentionner Bernadette sans son sac à mains ! À force de dessiner dans leurs cahiers d’école et sur leurs murs, les étudiants ont livré, une nouvelle fois, des « fabulosités » en guise de fin d’étude. Six des dix films sélectionnés étaient d'ailleurs issus de l’école bruxelloise. Rémi Durin, découvert avec Là-haut puis avec Mademoiselle Chloé, revint avec Séquence 01-Plan 02, une prise de conscience, en pâte à modeler, vécue dans le métro. Allez, hop : meilleur film d’animation et Grand Prix Média 10-10. Content et souriant, Rémi se renseigna surtout sur scène, sur l’existence d’un moyen de locomotion avec conducteur sympa pour rentrer à Bruxelles avec ses amis ! Plusieurs mains volontaires se levèrent. C’est aussi ça, Namur : pas de train de retour tardif, mais des sympathisants de films et de réalisateurs.

Retrouvez dans ce numéro les interviews de Jean Boreux, coordinateur du festival et de Janos Xantus, membre du jury officiel.

Le jury officiel : André Buytaers, Christophe Hermans, Vincent Jacubowicz, Emmanuel Roland et Janos Xantus.
Le jury presse : Katia Bayer, Jack Pierre Mener, Benjamin Moriamé.
Le palmarès
- Trophée Média 10-10 : Séquence 01-Plan 02 de Rémi Durin
- Prix du Meilleur Court Métrage de Fiction : Ni oui ni nom de Delphine Noëls
- Prix du Meilleur Court Métrage d’Animation : Séquence 01-Plan 02 de Rémi Durin
- Prix du Meilleur Court Métrage Documentaire : Papa d'Aïcha Thiam
- Prix des Auteurs : Irinka et Sandrinka de Sandrine Stoïanov
- Prix de la Meilleure Bande Sonore : Sarah de Kadija Leclere
- Prix de l’Image Numérique : Deux sœurs d'Emmanuel Jespers
- Prix de la Meilleure Image : One de Serge Mirzabekiantz
- Prix « Tout Court » : Dernier voyage de Pierre Duculot
- Prix « Be tv » : Do-it-yourself d'Eric Ledune
- Prix de la Presse : Irinka et Sandrinka de Sandrine Stoïanov
- Prix du Public : L’élocution de Gaëtan Leboutte