Loïe voulait aller danser…
Rien ne prédestinait Loïe Fuller (Soko), née dans le grand Ouest américain en 1862, simple fille de fermiers dans un quartier pauvre de l’Illinois, à devenir la gloire des cabarets parisiens de la Belle Epoque, encore moins à danser sur la scène du prestigieux Opéra de Paris. Avec sa « Danse Serpentine », elle révolutionna pourtant les arts scéniques de la fin du XIXème siècle. Quasiment fixe sur scène à l’exception de ses bras, elle inventa une nouvelle grammaire de gestes qui provoquait l’émerveillement du public. Artiste complète, avant-gardiste, méticuleuse et exigeante, Loïe élaborait elle-même ses chorégraphies, ses costumes complexes (des robes nécessitant jusqu’à 350 mètres de soie), sa scénographie (mettant au point les sels phosphorescents qu’elle appliquait à ses costumes, montant son propre laboratoire de chimie) et des éclairages inspirés par les travaux des grands mathématiciens et scientifiques de l’époque. Une simple danse s’apparentait à une formule mathématique dont elle ne pouvait dévier, nécessitant au moins 25 techniciens et des heures de travail. Devenue star et chef d’entreprise, elle fut également la première femme à faire breveter ses chorégraphies en France, déposant dix brevets à son nom.