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La Svedese de Nicolas Liguori

Publié le 05/03/2009 par Sarah Pialeprat / Catégorie: Critique

Voyage en Italie

Un hommage tendre et raffiné rendu au plus mythique des couples des années 50’. Huit minutes d’animation qui nous conduisent au cœur de l’Italie, de l’amour et surtout du cinéma.

Une femme retire des photos accrochées sur le miroir de sa loge, boucle sa valise sur un air d’accordéon et arrive à la gare de « Napoli » où un homme vient la chercher un bouquet de fleurs à la main. Elle, c’est la Svedese, la Suédoise Ingrid Bergman qui a décidé de quitter son pays. Lui, c’est Roberto. Il l’attend…

     

Cher M. Rossellini,
J'ai vu vos films Rome, ville ouverte et Païsa, et les ai beaucoup appréciés. Si vous avez besoin d'une actrice suédoise qui parle très bien anglais, qui n'a pas oublié son allemand, qui n'est pas très compréhensible en français, et qui en italien, ne sait dire que « ti amo», alors je suis prête à venir faire un film avec vous.

C’est le temps de l’amour, un air s’envole : un lit défait, une lumière qui éclabousse la chambre, des baisers dans les rues, dans les champs Phlégréens, au pied du Vésuve. Ce court métrage au fusain de Nicolas Liguori rend hommage au couple Bergman- Rossellini. Loin de vouloir nous raconter leur véritable histoire d’amour, le réalisateur propose plutôt une métaphore de l’histoire du couple à travers les films qu’ils ont tournés ensemble. Le réalisateur se focalise surtout sur Voyage en Italie, un film, qui, justement, traite de la désintégration du couple comme un écho prémonitoire à leur passion déchirante et leur rupture après 7 ans. Les plans du film de Rossellini s’intègrent donc dans leur histoire personnelle. On reconnaît en souriant la procession qu’ils regardent paisiblement par la fenêtre renvoyant ainsi à celle qui sépare et réunit Katerine et Alexander dans Voyage en Italie,le trouble et la perte de repères devant la beauté des corps statufiés du musée archéologique éprouvée par Katerine dans le même film. Des fragments qui revisitent l’œuvre du cinéaste et nous proposent d’en faire une nouvelle lecture. Plus encore que des citations évidentes, ce court métrage met en lumière ce qui fait l’essence même des films de Rossellini, une façon particulière de filmer l’immobilité, le poids de temps donné à chaque geste. Pas un mot ne s’échange, seule la musique de Marc Perenne donne, avec des accents lyriques ou douloureux, un souffle de vie supplémentaire aux images. Silence. Sur un écran de cinéma, l'actrice escalade les flancs du volcan et tombe à genoux. Rossellini, l’unique spectateur dans cette salle vide, touche le visage de celle qui l’a tant aimée. Séparés par un écran, il est déjà trop tard.

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