Cinergie.be

Le Ciel Flamand Peter Monsaert

Publié le 24/11/2016 par Fred Arends / Catégorie: Critique

Pour son deuxième long-métrage de fiction après Offline (2012), Peter Monsaert explore les arcanes d'une histoire familiale sombre où mensonges, culpabilité et vengeance s'entrecroisent. Artiste audiovisuel aux talents hétéroclites (théâtre, cinéma, installations vidéo et art communautaire), le cinéaste impose ici une ligne narratrice simple et un style filmique direct. Le Ciel flamand est aussi une réflexion sur les apparences souvent trompeuses et sur les difficultés à créer un bonheur familial.

Le Ciel Flamand Peter Monsaert

Le long d'une route nationale à la frontière entre la Flandre-Occidentale et la France, un bordel de jour, Le Ciel flamand, réunit trois générations de femmes de la même famille : Monique, Sylvie et Eline. Monique, l'aînée, a créé le lieu avec son défunt mari et y pratique toujours ; sa fille Sylvie en assure la gérance. Peter Monsaert décrit cet espace particulier et l'activité prostitutionnelle qui s'y tient avec une familiarité qui peut mettre mal à l'aise. Car son intention n'est pas de faire une analyse ou une critique de ce métier, mais de l'aborder par le prisme de cette famille, véritable enjeu du récit. « L'amorce du scénario était de traiter d'un parent. Mon choix s'est porté sur Sylvie, une mère prostituée. Toutes les conversations que j'ai eues avec des personnes « du métier » m'ont confirmé ce que je craignais : ces femmes sont assimilées à ce qu'elles font. Comme si elles n'étaient rien d'autre que leur travail. Ce qui n'est évidemment pas le cas », précise le réalisateur dans le dossier de presse. C'est pourquoi, on assiste à une réunion de staff autour du café comme dans beaucoup de lieux de travail et que les chambres ne sont jamais filmées. Cependant, Monsaert ne fait pas l'impasse sur la violence qui traverse ce métier, lors de deux scènes très dures, agressions physiques et verbales de clients odieux.

La maison close reste donc un lieu différent. Eline, la petite fille de six ans de Sylvie (Esra Vandenbusche, étonnante), est ainsi interdite d'entrée, ce qui accroît sa fascination pour le métier de sa maman que celle-ci lui décrit comme un lieu où « les hommes viennent chercher des câlins ». Attirée par cette maison mystérieuse, elle profite d'un moment d'inattention pour y pénétrer. Cet instant fera exploser le drame et bouleversera l'équilibre familial que sa mère a vaillamment essayé de maintenir.

Sara Vertongen incarne une mère complexe et bouleversante avec beaucoup de nuances et illumine cette tragédie sourde où, à l'image du premier plan d'un chien dans une cage, les personnages tentent d'échapper à leur destinée dramatique.

Tout à propos de: