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Le Court métrage - Louis Héliot

Publié le 05/05/2006 par Katia Bayer / Catégorie: Dossier

Le responsable de l’audiovisuel au Centre Wallonie Bruxelles gère le festival « Le court en dit long » à Paris et y présente, pendant une semaine, un panel de courts métrages belges. Il convie les acheteurs télé et sélectionneurs de festivals à découvrir ces petits films qui sont souvent projetés pour la première fois à Paris. En juin prochain, Louis Héliot proposera une quarantaine de courts belges de l’année. Le mois passé, Cinergie vous a explicité son travail de programmateur.

Le Court métrage - Louis Héliot

C : Comment soutenez-vous concrètement la production de courts métrages ?
L.H.
 : L’action pour le court métrage se concentre au point visible avec le festival « Le Court en dit long ». (…) Pour beaucoup de réalisateurs et réalisatrices, c’est la première fois que leur film est montré en France. À la limite, il y a eu une projection dans un festival en province mais il s'agit de la première projection à Paris. (…) Cette activité m’occupe très fortement entre mars et juin. Le reste de l’année, je reçois des sélectionneurs de festivals, des acheteurs télé ou des programmateurs. Grâce au CGRI, nous soutenons les réalisateurs qui sont en compétition dans des festivals français vraiment intéressants et importants. Et quand ils ne sont pas en compétition, il y a un certain nombre d’actions, de programmations, de festivals, de rencontres auxquelles nous tenons particulièrement. On prendra par exemple en charge le transport des copies et le transport des réalisateurs. (…) Je reçois beaucoup de demandes pour savoir si on ne peut pas être coproducteur. Non, ce n’est absolument pas le rôle du Centre Wallonie-Bruxelles d’être producteur de films. En revanche, on est effectivement là pour les diffuser, pour les présenter.

C : Qui se déplace en juin pour voir des courts belges à Paris ?
L.H. : Le public, mais aussi des professionnels. Quinze jours après le festival de Cannes, le moment est bien choisi : les spécialistes ont eu le temps de s'en remettre. Beaucoup de sélectionneurs de festivals viennent pendant « Le Court en dit long » pour voir ces films belges francophones, et c’est souvent là qu’ils commencent à faire leur sélection. Le matin, c’est une période où on est là, soit pour des acheteurs télé qui ne peuvent assister à une séance, soit pour des sélectionneurs de festivals : on fait à la carte comme un petit marché. (…) Quand je vois que le festival de Brest, celui de Clermont-Ferrand, celui de Villeurbanne et d’autres commencent leur sélection ici, je me dis qu’on a toute la reconnaissance et toutes les raisons de poursuivre.

C : Comment est perçu le court métrage belge  par les professionnels, les programmateurs de festivals  et les télés françaises ?
L.H.
 : Toutes les télés ne se valent pas, tous les responsables d’achat n’ont pas la même perception. Souvent, en ce qui concerne le court belge, les télés s’attendent à avoir quelque chose de plutôt humoristique, léger, décalé, surprenant, provocateur. Voilà, cette caricature nous colle bien aux basques. Dans les festivals, non. Cette année, à Clermont-Ferrand, il n’y avait que Retraite de François Pirot en compétition internationale. Ce n’est absolument pas un film drôle, léger, provocateur.

C : Et vous-mêmes, comment jaugez-vous la situation du court belge ?
L.H. : La qualité, elle est là, elle est indéniable. Alors, est-ce qu’il y a une façon typiquement belge de faire du cinéma ? Non parce que le fait de se débrouiller, d’appliquer le système D tout le temps n’est pas seulement réservé aux belges. Plein de français le font aussi, surtout que la réglementation de la production du court métrage français a changé : ils sont maintenant obligés de payer tout le monde alors qu’en Belgique, on paye encore personne. Le jour où il faudra payer tout le monde, à mon avis, on n’aura plus beaucoup de films. À ce moment-là, je pourrai faire la projection de l’intégralité de la production de l’année.
Effectivement, l’économie du court métrage reste un secteur chez nous extrêmement fragile, relativement peu rentable. Mais en même temps, quand on veut faire la promotion de la culture, c’est quand même un passage quasiment obligatoire pour les jeunes cinéastes avant de s’essayer au long.

C : En quoi ce format est-il si particulier ?
L.H.
 : Le court métrage est un espace de liberté sur un minutage limité. Tout est possible. Les réalisateurs peuvent tout essayer. Si ils s’y prennent bien, c’est une économie tout à fait maîtrisée et maîtrisable. Tout est permis; on peut tout dire. Avec le court métrage, on peut aborder l’anorexie comme Sophie Schoukens dans La nuit en noir et blanc ou l’inceste comme Iao Lethem dans Les Œufs brouillés qui sont des films difficiles. Mais on peut aussi faire un film de danse ou une fiction avec un bon dialogue comme Poulet-Poulet de Damien Chemin qui est un film très drôle dans lequel on peut tous se reconnaître. Oui, c’est vraiment le plus bel espace de liberté.

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