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Le Court métrage - Marie-Hélène Massin

Publié le 05/05/2006 par Katia Bayer / Catégorie: Dossier

Membre du Centre du Cinéma et de l’audiovisuel à la Communauté française, Marie-Hélène Massin s’occupe, depuis près de 20 ans, du catalogue « Le court en dit long ».  Édité à 2.000 exemplaires, le support permet aux courts de se faire connaître en Belgique comme à l’étranger et est consulté tant par des spécialistes que des amateurs de courts métrages.

 

C : En 1987, le catalogue « Le court en dit long » fut lancé. Comment a germé l’idée d’un recensement annuel des courts métrages ? Est-ce que ton parcours de réalisatrice et les difficultés de diffusion de l’époque sont liés à ta volonté de rendre les courts perceptibles ?

M-H.M : J’étais en contact avec le court métrage avant de commencer à travailler au Ministère. Au début des années 80, je travaillais pour le catalogue du RACC (Réseau Action Cinéma et Culture) qui sortait chaque année et qui était adressé à la vie associative et aux ciné-clubs. Il reprenait les longs métrages de fiction distribués en Belgique, et quelques courts métrages : ceux de Patrick Van Antwerpen, de Raoul Servais, de Gérald Frydman,… L’important, à l’époque, était le long métrage. L’idée de court était plus liée aux documentaires touristiques, aux films pour enfants, au cinéma d’animation. (…) Le catalogue n’était pas exhaustif : un certain nombre de titres de courts belges manquaient. (…) À chaque fois qu’on programmait des courts métrages dans les salles permanentes en Wallonie, il fallait que je retrouve des pages et des dossiers pour savoir quels étaient les courts métrages qu’on avait en magasin. On n’avait pas encore d’ordinateur, pas d’Internet. Il n’y avait que les annuaires de la Cinémathèque, les catalogues du RACC et je devais passer du temps à rechercher les adresses, les synopsis, les durées. En même temps, il n’y avait pas encore énormément de titres à gérer. (…) En 86, j’ai fait moi-même un court métrage de fiction, et j’ai compris qu’il fallait avoir des supports d’information et de promotion pour savoir que les films existaient. Et puis, il n’y avait pas de circuit, de matériel de promotion de courts métrages. J’ai donc proposé au Ministère de faire un catalogue pour les courts métrages.

C : Qui sont les bénéficiaires de ce catalogue ?

M-H.M : Ce catalogue [édité à 2.000 exemplaires] s’adresse aux télévisions, aux ciné-clubs, aux festivals en Belgique et à l’étranger, aux marchés, aux professionnels eux-mêmes puisque là-dedans, tu as quand même une fiche technique un peu détaillée dans laquelle se trouvent des références. Et puis, ça s’adresse aussi aux gens qui s’intéressent au court métrage.

C : Outre la différence d’épaisseur, révélatrice du volume de productions, qu’est-ce qui s’est métamorphosé dans les éditions ultérieures à celle de 1987 ?

M-H.M : En 87, le catalogue reprenait les films d’école, les films d’ateliers, les films aidés par la Commission, les productions indépendantes en vidéo et pellicule, les fictions, les documentaires, l’expérimental... Au début, c’était vraiment fait pour la Belgique, et puis, au fur et à mesure, j’ai ajouté les traductions anglaises des synopsis, maintenu la fiction et l’animation, le documentaire et l’expérimental se retrouvant dans le catalogue complémentaire « De long en large ». Dans les dernières éditions, j’ai crée une rubrique reprenant les courts métrages aidés par la Commission en cours de production.

C : Quelle est l’origine de l’appellation « Le court en dit long » ?

M-H.M : Dans cet énoncé, il y a deux points de vue. Celui du réalisateur : je vois le court métrage comme un « tremplin », comme les préliminaires à la réalisation d'un long métrage. Faire un court métrage, c'est expérimenter la narration, la direction d'acteur, les rapports avec une équipe, avec un producteur. Le réalisateur est confronté à lui-même, à sa patience, sa ténacité, son pouvoir de persuasion. Dans ce cas, le court en dit long. Ça indique que le court est un passage obligé, initiatique.

Mais il y a aussi l'investissement que l'on (les pouvoirs publics, les producteurs, les familles et les amis) fait sur un réalisateur de court métrage : on le couve, on le chouchoute, on le met en perspective. Dans ce cas, « le court en dit long » indique qu'on veut investir à long terme. Tout ça est complémentaire. La phrase que je mets chaque année en début de catalogue représente bien ce que veut dire pour moi aider le court métrage : « Le jeune arbre a été de tout temps un symbole de renouveau. Le Bonsaï représente le point extrême de cette miniaturisation, il ne peut être « élevé » qu’au prix de soins intensifs. Un Bonsaï en bonne santé possède la force vitale d’un grand arbre. »

 

 

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