Cinergie.be

Le documentaire, portrait d'une société

Publié le 16/12/2008 par Dimitra Bouras / Catégorie: Carte blanche

Emportés par le flux intarissable des actualités et des informations martelées au rythme accéléré des images et des mots qui balayent le monde en 30 minutes, nous apprécions de pouvoir prendre le temps de découvrir une pensée, une réalité ou tout simplement le parcours d'un autre. Les images-chocs nous empêchent de saisir les messages débités à une vitesse vertigineuse, alors, la respiration qu'offre les 52 minutes ou plus d'un documentaire est la bienvenue. Ceux qui ont eu le loisir de fréquenter le Festival Filmer à Tout Prix ont pu vivre ce plaisir, et voyager dans les méandres du réel. Ce qui nous a interpellés, c'est la propension à vouloir expliquer le monde et ses problématiques via des portraits d'individus dont on essaie de capter la profondeur à tout prix, quitte à s'incruster dans leur intimité. Mis à part ces situations extrêmes où le spectateur devient l'otage du voyeurisme du réalisateur (ou de la réalisatrice), le portrait a l'avantage de matérialiser, de personnifier et de donner chair à un imbroglio de pourquoi et de comment qu'on appelle réalité politico-socio-économique tout en ayant un certain point de vue.
Cinergie aussi va, de son coup de pinceau, se lancer dans la réalisation filmée de portraits.
On aime les rencontres avec les professionnels, qu'ils soient réalisateurs, comédiens ou techniciens. On aime les faire parler, pour qu'ils nous fassent partager leurs passions, leurs rêves et leurs doutes. On aime les montrer aussi. L'équipe image s'est embarquée dans une belle aventure avec Ursula Meier. La réalisatrice de Home s'est prêtée au jeu du miroir et a promené la caméra dans son Bruxelles, profitant des haltes dans des endroits feutrés pour dévoiler son regard de cinéaste. Simon Bakès, récompensé par le Prix des Ateliers au Festival du Documentaire FATP pour Stolen Art, a sillonné les Musées Royaux à la découverte des œuvres qui éveillent en lui la jouissance de la beauté. Son portrait est à découvrir dans ce numéro. Joachim Lafosse sera notre prochain invité, et nous sommes curieux de savoir dans quels labyrinthes il va nous perdre...

Je salue tous ceux qui ont réagi pour défendre la visibilité des films à potentiel réduit de spectateurs dans les salles et propose que  l'on réfléchisse à comment défendre l'accessibilité des écrans par un plus grand nombre de films et par un public plus important. Le discours qui prétend prouver que ce sont les films médiocres qui ont une quantité de spectateurs à leur image n'est plus admissible.