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Le Retour de Marc-Olivier Picron

Publié le 01/10/2005 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Critique

C’est une mise en abyme que nous propose dans le final du Retour, Marc-Olivier Picron. Une navigation entre l’image et l’imaginaire, l’enfance et la vieillesse, la vie et les limbes. L’enregistrement de Boris Zeiss par Pierre, un jeune réalisateur qui, sans le savoir, éveille des souvenirs refoulés d’un enregistrement capté en 8mm lorsque, enfant, Boris, guidé par la découverte d’une caméra qu’il croyait être un jouet, filmait des soldats allemands pendant la seconde guerre mondiale.

Le Retour de Marc-Olivier Picron

 

Boris Zeiss a 75 ans. Il est conduit à « La Sainte famille », une maison de repos qui, il y a plus de cinquante ans, n’était autre que l’Orphelinat. C’est à « La Sainte famille » qu’il a grandi et vécu l’épisode de sa confrontation avec les soldats allemands. Submergé par ses souvenirs, Boris vit dans le monde traumatique qui fut le sien lorsqu’orphelin, il courait les bois peuplés de soldats. Pierre, un jeune homme féru de vidéo, désire faire un reportage sur cet homme au comportement si peu conforme à celui des pensionnaires du home. En captant Boris dans son objectif, il amène celui-ci à se souvenir de ce que l’enfant Boris filmait à son insu. Séquences que le réalisateur nous propose tantôt en noir et blanc, genre vieux 8mm, tantôt en sépia (deux formes de flash-back qui séparent le souvenir de l’imaginaire et même de l’hallucination) et qui sont d’autant plus troublantes qu’elles sont extrêmement chahutées au niveau du cadrage (petite caméra à la main). On ne vous raconte pas la fin, elle est heureusement aussi troublante, sinon plus, que le lourd secret que Boris traîne avec lui sur son enfance brisée par la guerre. Le Retour est une façon de traverser la folie des hommes le temps d’une vie, de distiller un trauma originel, de dilater le temps pour en dessiner la figure d’une boucle. Dernière minute, le film vient de remporter le Prix du meilleur scénario au Festival du court métrage de Jeumont (France), après avoir été couronné du Prix du jury au Festival Internazionale del Cinema d'Arte di Bergamo.

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