Cinergie.be

Les Enfants du jour - Tournage

Publié le 01/03/1999 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Tournage

Les acteurs répètent face à Harry Cleven, le réalisateur, canadienne imperméable jaune et foulard blanc, tandis qu'on change l'axe de la caméra. Bien que le froid serre la tête comme un étau, le regard d'Harry est vif (on dirait qu'il n'arrête pas de faire des repérages). La maquilleuse rectifie le make-up de Sofia (Dominique Bayens) à l'aide d'un correcteur de teint et d'un crayon haute définition, par souci du raccord juste. "Pas de souci ", dit l'assistant image en contrôlant à l'aide de sa mini maglite, le couloir du chargeur de l'Arriflex 16 SR3.

Les Enfants du jour - Tournage

Celle-ci est montée sur un chariot SMF baptisé "Flinstone" et conduit par Marc Freyens, son inventeur, un machino belge qui, me précise le chef op. Michel Baudour (tout en plaçant des lampes de 200 watts dans des boules de papier genre lampadaire chinois), "a le sens du cadre et du rythme." On est au Solbosch, le campus de l'ULB, à côté de la nouvelle bibliothèque, un bâtiment dont la confection récente est due à un adepte du prêt-à-porter architectural. Figurants naturels, les étudiants entrent dans le champ, déambulent indifférents à la caméra, préoccupés par leurs cours, leurs amours, les potins, la télé : "t'as vu Lydia dans Mégamix? putain! (le mec se cambre et tape du pied en l'imitant). "Silence!" Le brouhaha décroît.

"On reprend" crie l'assistant français (il tapote dans la poche de son pantalon cargo, cherche une cigarette, la scripte offre son paquet. Il en prend une et l'allume avec son zippo). "On se tient prêt, s.v.p!" Denis (Matthieu Boujenah) est face à la caméra et à Sofia, "C'est pas vrai, je ne vous crois pas, vous mentez!" crie-t-il et toutes les nuances de l'étonnement, de la confusion, de l'indignation, de la colère se lisent sur son visage. "La vérité tu ne veux pas l'entendre!" répond-t-elle. La caméra avance puis recule en travelling arrière cadrant Denis qui avance vers Sofia comme s'il voulait dissiper un intolérable mensonge.

" Je suis venue pour Harry, c'est parce que c'est lui que je suis là!, nous confie une Clémentine Célarié relookée par la rue plutôt que griffée par Calvin Klein ou Ralph Lauren.
"Je suis contente qu'il m'ait proposé ce rôle. J'ai une confiance absolue en lui. J'étais heureuse lorsqu'il m'a appelé à l'idée qu'on puisse retravailler ensemble parce que j'ai gardé un souvenir extraordinaire d' Abracadabra. Il m'a beaucoup apporté comme comédienne. Pour moi, il y a eu un avant et un après Harry Cleven. Il m'a fait lire le scénario, m'a dit que c'était un sujet qu'il trouvait intéressant - moi aussi. C'est le combat qu'une femme mène pour récupérer son fils qui est embrigadé dans une secte, (ce serait la drogue ou la maladie ca serait pareil). Je suis très touchée par ça. Je joue souvent des mères. Je crois que ce n'est pas par hasard parce que dans la vie je suis mère moi-même, j'ai trois fils et je suis extrêmenent maternelle. Pour moi la filiation, c'est très important c'est une chose que je ressens très fort. Harry aime que les acteurs s'investissent et moi j'aime qu'on me demande beaucoup. Il sait très bien que j'aime être un peu déstabilisée, donc on fonctionne bien tous les deux. J'ai besoin de me donner à fond. C'est pourquoi je n'aime pas trop les rôles au second degré. Et puis on est dans un truc vrai! Je n'ai pas envie de tricher, je n'ai pas envie de me protéger.
Je me sens bien en Belgique, Il y a une bonne ambiance dans l'équipe, tous les soirs on est ensemble. J'ai fait récemment un court métrage ici en Belgique avec Bouli, Stéfan Liberski, etc. et je me demande si un jour je ne vais pas venir habiter ici."

Production


"Pour Les Enfants du jour, nous avons proposé le nom d'Harry à France 2. Ils ne le connaissaient pas mais ils ont vu Abracadabra et ils ont été conquis", nous précise Rosanne Van Haesebrouck. Fondée en 1991, To do today était au début une maison de production consacrée aux films institutionnels et aux films d'entreprise.
" Depuis quelques années on développe des projets, en fiction, pousuit-elle, on suit des auteurs. J'ai rencontré Vincent Lannoo à sa sortie de l'IAD, au séminaire d'Yves Lavandier destiné aux producteurs-auteurs. Il venait d'achever Nathan, son court métrage de fin d'études. Il voulait développer un projet de long métrage. Son court métrage, J'adore le cinéma, était le tremplin indispensable pour tester la collaboration entre nous car porter un long métrage peut être un enchantement ou tourner au cauchemar si l'on ne s'entend pas. Avant de se lancer dans l'aventure d'un long métrage, il me semble indispensable de voir comment un réalisateur peut gérer un plateau et diriger des comédiens. Le court est donc un moyen indispensable pour apprendre à travailler ensemble. To do today ne tourne pas plus d'un court métrage par an mais on suit nos auteurs.

Tout à propos de: