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Les Navets blancs empêchent de dormir de Rachel Lang

Publié le 05/09/2017 par Fred Arends / Catégorie: Critique

Dans ce deuxième épisode d'une drôle de trilogie débutée par le court métrage Pour toi je ferai bataille (2010) et dont son magnifique premier long, Baden Baden (2016) constitue une sorte d'achèvement, nous retrouvons Ana campée par l'étonnante Salomé Richard.

Les Navets blancs empêchent de dormir de Rachel Lang

Sculpteure paumée, Ana pense être enceinte de Boris, amant trouble et irrégulier. Son voyage vers Bruxelles va l'amener à rencontrer différents personnages qui vont l'aider, peut-être à dépasser ses indécisions et ses doutes amoureux.

Menée tambour battant, cette pérégrination permet à la réalisatrice de déployer son talent d'écriture et ses qualités de mise en scène. Celle-ci agit comme une tentative de déconstruire les relations hommes-femmes, cadenassées par des rôles et des attentes souvent préétablis. Sous ses apparences anodines, la scène de dispute entre Ana et Boris révèle ainsi la béance entre les deux personnages, liés par des non-dits douloureux. Mais à l'instar de son héroïne, Rachel Lang ne se laisse pas entraîner dans la déprime.

L'humour absurde surgit souvent, et les failles d'Ana constituent autant d'interstices burlesques et dramatiques. Enfin, la cinéaste parvient à imposer un rythme, s'autorisant la digression (la scène du train explosant avec joie les stéréotypes de genre) et le lyrisme (la longue séquence de la fête), et signe là un film d'une belle audace.

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