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Les visites de Clément Abbey

Publié le 02/03/2016 par Sylvain Gressier / Catégorie: Critique

Le sourire aux lèvres et la sacoche à la main Geneviève parcours la campagne ardennaise pour rendre visite à ses patients, tous plus souffrants les uns que les autres.

Garçon du cru et fils de médecin, Clément Abbey suit cette femme d'une grande douceur, pour qui l'écoute et la tendresse font pleinement partie de la panoplie du métier. Avec elle, il s'immisce dans les salons, témoin presque invisible de ces relations parfois intimes allant bien au-delà de la pratique professionnelle.

Les visites de Clément AbbeyLes intérieurs mélancoliques se succèdent. Maisons aux murs fatigués ou bureaux au design clinique, Geneviève enchaîne les consultations. Les vieux peinent à s'exprimer, oublient, ou attendent simplement la mort. Les conversations oscillent entre banalités et avis médicaux. La joie et la souffrance semblent avoir déserté ces foyers où il ne se dit plus grand-chose, ces paroles seules venant habiter ces lieux sanctuaires. Tout cela n'est pas très gai. Pourtant Geneviève elle, est inébranlable. Portée par une bonhomie naturelle, elle traverse ces espaces en douceur et sans encombres. Qui est cette femme une fois rentrée chez elle ? Nous ne le saurons pas.

Le dispositif filmique est aussi simple qu'efficace. Les cadres sont fixes, de légers panneaux suivant uniquement les protagonistes, donnant à l'ensemble une atmosphère assez froide. Presque toujours le médecin et son patient apparaissent simultanément à l'écran. Autour d'une table, d'un lit ou un fauteuil. L'on parle assis, le décor est figé, à l'image des vies de ces personnes qui ralentissent avant de s'arrêter.

Puis, lorsque vient la séquence finale, enfin la parole se libère. La mort est passée par là. Logiquement. L’euthanasie, racontée par une veuve et sa fille dans la sobriété du cabinet de médecin fait écho à ces visites. Un épilogue douloureux mais libérateur.

Une scène que l'on aimerait pouvoir montrer à tous ceux qui, de l'autre côté de la frontière, pensent encore devoir décider de qui doit vivre ou mourir.

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