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Lola de Valence, comédie musicale, et autres films d’Isabelle Wuilmart

Publié le 07/06/2007 par Philippe Simon / Catégorie: Critique

En chanté, en chantant

Aventures au cinéma l’Aventure où, il y a quelques jours, Isabelle Wuilmart présentait ses films super 8 lors d‘une séance à l'ambiance agréablement déjantée.

Pratiquant l’autoproduction à la marge de la marge, tournant avec des bouts de ficelles et de nombreux amis, inventant le cinéma à chaque plan et le vivant comme une nécessité, Isabelle Wuilmart construit une œuvre étrange et belle où l’acte de filmer retrouve cette simplicité des premiers temps du muet.

Avec un sens aigu du récit doublé d’un amour joyeux pour le ludique et le loufoque, elle nous raconte des histoires improbables, mélangeant sensualisme et humour en une sorte d’opéra visuel qui charme et emporte.

Ainsi sa comédie musicale, son étonnante Lola de Valence, film muet mais chanté en direct par sa principale comédienne, l’étourdissante Lola Bonfanti, s’improvise là où l’univers des contes de fées rencontre la vitalité du burlesque. Drôle, inventif et bien mené, il possède cette légèreté des songes agréables où rêve et réalité se confondent en un merveilleux enchanté.

Ainsi sa fiction autour d’Adam et Eve et du petit Jésus marie les charmes d’une esthétique sensuelle à l’efficacité d’une animation réussie en un petit récit gentiment impertinent.

Ainsi son film improvisé et coréalisé avec Antone Israel, foldingue parcours d’une Belgique imaginaire, mélange documentaire et cinéma expérimental en une farce cocasse et osée, pleine de rebondissements et de surprises, (on y retrouve Lola de Valence portant lunettes et maniant avec dextérité la tarte à la crème) remède radical à l’ennui et à la morosité.

Et puis il y a chez Isabelle Wuilmart cette façon de penser la projection de ses films comme un moment unique dépassant le simple fait de voir un film. Pour se faire elle transforme la salle de projection en un théâtre de l’imaginaire, (ne la voit-on pas déguisée en ouvreuse à l’écran comme dans la salle), où en compagnie de ses amis, elle sape à grands coups de poésie la fragile séparation entre fiction et réalité.

Cinéma qui se conjugue en commun, ces premiers films d’Isabelle Wuilmart sont importants tant par l’aventure collective qui les porte, tant par l’ingéniosité qui préside à leur fabrication que par le fait qu’ils signalent très simplement la naissance d’une cinéaste.

(Dernière minute : il semblerait que le cinéma Aventure suite à cette première expérience ait décidé d’organiser une fois par mois une soirée consacrée au travail d’Isabelle, à vérifier)

 

 

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