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Mémoire de missionnaires de Delphine Wil 

Publié le 26/07/2017 par Fred Arends / Catégorie: Critique

La colonisation du Congo belge a été accompagnée d'un vaste mouvement de missions catholiques dont les fameux « Pères blancs » ont constitué la cheville ouvrière. À travers les témoignages de prêtres qui ont été envoyés en Afrique par leur hiérarchie, la réalisatrice tente de comprendre leur motivation et met ainsi en lumière un pan d'une histoire complexe, méconnue et toujours fascinante.

De facture classique, ce document retrace le parcours de quelques prêtres belges, de leur vocation spirituelle à leur arrivée au Congo belge. Si certains d'entre eux ont sincèrement choisi la voie du Séminaire, d'autres ont été « poussé » à rentrer dans les ordres, évocation d'une époque où le Clergé belge possédait encore un grand pouvoir d'influence. Leur découverte de l'Afrique est souvent ressentie comme une extraordinaire aventure. Troquant leur soutane noire contre la soutane blanche pour faire face à l'écrasante chaleur exotique, déracinés de leur pays natal, ces hommes vont connaître un véritable choc. Malgré ce que l'on peut penser de cette entreprise, ces prêtres ont été de véritables pionniers, évoluant dans un environnement difficile et matériellement pauvre. Mais ce contexte, a priori hostile, se révélera pour beaucoup d'entre eux un moteur d'élévation spirituelle.
La question de l’Évangélisation des Congolais est abordée frontalement même s'il est dommage que cela ne soit que par le prisme des témoignages, forcément partisans. Leur mission était cependant claire : transformer le cœur des hommes de telle manière qu'ils puissent devenir bons, solidaires et sensibles au message de Jésus. Il fallait les hisser à un niveau de civilisation leur permettant d'accéder au Christianisme. Cette volonté arrogante a bien entendu conduit à des aberrations telle l'exigence d'utiliser le latin auquel les populations congolaises ne comprenaient rien ou l'enseignement du néerlandais pour concorder avec les programmes scolaires suivis en Belgique. Les apports de ces missions sont largement commentés et mis en exergue, de manière parfois trop consensuelle. Les missions fonctionnaient comme de véritables entreprises agricoles où travaillaient de nombreux corps de métiers. Les témoins congolais interrogés corroborent cet « idéal de la colonisation » où la présence de prêtres permettait de suivre une formation et de trouver ainsi un métier.
L'intérêt réside également dans la présentation de la vie catholique aujourd'hui, notamment ces magnifiques scènes de messe dans une église en tôles où les chants et les danses contribuent à une foi catholique teintée de croyances locales et païennes. Enfin, la tempête de l'Indépendance et des révoltes qui l'ont accompagnée, incroyables images d'archives en couleur, soulèvent des sentiments marqués de nostalgie pour ces hommes dont certains d'entre eux ont, par la suite, radicalement changé de vie. Cette question du renoncement et de la vie après la prêtrise constitue un fil narratif étonnant dont l'exemple de l'ancien « père blanc » qui a finalement épousé une congolaise, poursuivant sous une autre forme, cette aventure humaine contradictoire et changeante.

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