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Micha Wald à propos de Voleurs de chevaux

Publié le 12/09/2007 par Katia Bayer et Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Entrevue

A la 46ème Semaine Internationale de la Critique, sept longs métrages, dont le sien, étaient en lice pour la Caméra d'Or. Au moment où Voleurs de chevaux, sorti sur nos écrans à la fin du mois d'août, poursuit sa vie dans nos salles, Cinergie a rencontré son réalisateur décontracté et sympa, Micha Wald.

Cinergie : On a découvert récemment que Voleurs de chevaux était à la base un projet de court métrage que tu n’avais pas réussi à mener sur ce format-là et que tu as cherché à développer en long…
Micha Wald : Oui, en fait, c’était un court métrage qui racontait l’histoire de deux frères polonais, pendant la seconde guerre mondiale, qui trouvaient dans les bois une jeune gamine juive morte de froid. J’avais commencé à écrire cette histoire en court métrage et elle a pris de l’ampleur : j’ai dépassé les 30 pages, et il n’y avait pas moyen de faire plus court. J’ai un peu laissé tomber cette idée puis, je l’ai reprise et j’ai voulu, à un moment, en faire une nouvelle. Quand est venu le moment de passer au long métrage, j’ai repris cette histoire, et je l’ai collée à un autre bout d’histoire qui comportait un voleur de chevaux. L’ensemble a donné Voleurs de chevaux

 

C. : Au final, on découvre un film assez surprenant parce qu’il se recoupe autour de l’idée d’un western, il se construit comme une fresque dans laquelle on sent énormément d’influences étrangères. Ce qu’on découvre aussi, c’est que tu as eu des moyens assez limités pour remplir ces ambitions-là et que, malgré tout, tu as réussi à t’accrocher à cette idée de départ.
M.W. : Oui. Le scénario était celui d’un film d’aventures et de frères, donc il y a, d’une part, un film codé, et de l’autre, une histoire de frères simple et facile ce qui ne rendait pas le film infaisable. Quand on lisait le scénario, on se disait que finalement, il s’agissait de trois gars dans les bois avec deux chevaux. Il y avait peut-être au début un camp avec des Cosaques, mais ça semblait réaliste et jouable pour une production belge. Et puis, une fois qu’on a mis la main à la pâte, on s’est dit : « ah oui, tiens, il y a une scène de village, une scène de bal avec les figurants et un village attaqué par les Cosaques, … ». Là, on s’est rendu compte qu’effectivement c’était beaucoup plus gros qu’on le pensait. Moi, je m’étais concentré sur une histoire de vengeance qui ressemble au western : un gars, dont on a volé des chevaux et dont on a tué le frère, veut se venger : voilà l’histoire très simple doublée d’une histoire de couples de frères.
En ce qui concerne les influences étrangères, je dirais plutôt que ce sont des influences de cinéma. Les deux pôles qui m’ont influencé sont Kurosawa et Les Duellistes. J’adore Kurosawa, et Les Duellistes est un film qui m’avait marqué quand j’étais petit et à propos duquel je m’étais dit : « un jour, je ferai un truc comme ça ».

 

Micha Wald © JMV/Cinergie

 

C. : Je faisais surtout écho à toutes ces scènes d’action qui constituent quand même une réalité et une certaine crédibilité à ce monde cosaque.
M.W. : Oui. Les scènes d’action sont dans le scénario. C’est une époque violente, c’est une région violente, c’est un cadre violent : ce sont des Cosaques. Donc on ne pouvait pas faire l’impasse sur ces scènes. C’est aussi une des manières qu’ont les personnages de vivre et de s’exprimer. Le rapport entre les frères est souvent sur le mode de la violence. En tout cas, les seuls contacts qu’un des voleurs de chevaux a avec les autres (y compris son frère), c’est en tapant dessus.

 

C. : Quelle est la part d’imaginaire que tu as apportée à cette histoire qui, comme par hasard, se passe quelque part à l’Est ?
M.W. : J’ai fait des repérages en Ukraine, en Pologne : c’est une région que je connais bien. J’ai essayé de trouver des lieux similaires ici, en Belgique et en France. Un bois de bouleaux, qu’il soit en France ou en Pologne, c’est un bois de bouleaux. Pour le reste, on s’est documenté. Le chef déco a fait des recherches. Je voulais un camp cosaque avec une église orthodoxe. On a regardé quelques dessins d’époque, on a vu à quoi ça ressemblait, puis on a fait à notre sauce. Même chose pour les costumes. On s’est quand même rendu à un musée cosaque à Paris où un ancien bataillon de Russes blancs est là depuis le début du dix-neuvième siècle. Ils espéraient retourner en Russie à la chute du communisme : ils ne sont jamais repartis. On leur a montré ce qu’on faisait, on leur a un peu parlé du scénario pour connaître leur avis. Quand ils nous disaient « non, ça, ce n’est pas possible », on laissait tomber. Voilà, c’était suffisant. Je ne voulais absolument pas m’enferrer dans une reconstitution historique, quelque chose d’impossible à mener, surtout avec le budget qu’on avait. Et puis, ça ne m’intéressait pas. Le but n’était pas de faire comme dans Barry Lindon où chaque costume est tip top. Je ne suis pas un fou de petits soldats et de reconstitutions de batailles historiques. Pour moi, ce qui comptait, c’était l’histoire de frères. Après, l’époque, c’est le cadre, ce n’était pas le sujet en soi du film.

Voleurs de chevaux de Micha Wald

 

C. : Justement le rapport entre les frères fonctionne beaucoup autour du mot binaire. Il y a des rapports de domination, des rapports de fusion extrême dans lesquels des sentiments assez universels (l’humanité, la culpabilité, la jalousie, la vengeance) interviennent au service de l’histoire. Qu’est-ce qui a sous-tendu à cette construction progressive des personnages ?
M.W. : Le thème des frères revient souvent. J’aime bien l’idée d’avoir deux frères comme personnages d’un film : c’est un couple, c’est une petite cellule qui fonctionne bien, qui brasse pas mal de situations et de sentiments variés. C’est vrai qu’une histoire de frères parle à tout le monde. C’est vrai que dans une relation entre frères ou entre sœurs, il y a tout : de la jalousie, de l’amour, de l’envie, de la culpabilité. Généralement, les trucs que j’écris sont souvent soit des personnages qui me ressemblent, soit des frères. Mais j’aime bien traiter le sujet des frères parce c’est vrai qu’il y a un côté universel et puis, ça s’apparente au conte, au mythe ou à la fable. On m’a souvent dit pour Voleurs de chevaux que c’était un «western biblique » parce qu'il s’agissait d’une histoire de frères qui s’entretuent (rires)!

 

C. : Je voudrais parler un peu de la manière dont la lumière est utilisée. Au début, les tons sont assez froids et durs et puis ensuite, ils sont plus colorés en fonction du parcours de Jakub. Je suppose que tu as imaginé ça dès le départ.
M.W. : Oui. On s’était dit que la première partie chez les Cosaques avait lieu en hiver, donc on pensait à des teintes soit grises, soit brunes. On voulait de la neige, on n’en a pas eu, mais on a créé une atmosphère plombée, sombre et des espaces plutôt petits et froids. Et puis, au fur et à mesure que le récit avançait et que la vengeance de Jakub se délitait au contact d’Elias, je souhaitais que ce soit de plus en plus lumineux via des images du soleil et d’un bois de bouleaux étincelant. Jusqu’à la fin, je voulais que la confrontation entre Jakub et Roman ait vraiment lieu dans un endroit brillant, plein de soleil, quelque chose de vraiment plus chaleureux que le début du film.

 

C. : Tu as parlé du fait que tu ne t’intéressais pas à la manière dont Kubrick s’inspire très fort de tous les détails, mais il y a quand même un moment d’éclairage de bougie qui fait un peu penser tout de même à Barry Lindon.
M.W. : Oui. Barry Lindon est un de mes films favoris, mais je n’ai pas la maniaquerie du détail et, de toute façon, je ne peux pas me le permettre, c’est une question de moyens. Il faut être réaliste : c’est un premier film, une coproduction activée peut-être entre trois pays, mais on n’a pas obtenu des sommes colossales. On a eu beaucoup pour un premier film, mais pas assez pour le type de film dans lequel on s’était embarqué. Il y a des moments où on se disait : « Avec 100 fois plus de figurants, on est dans Barry Lindon ! ». Ça nous faisait rire… Effectivement, on voulait faire un éclairage comme à l’époque, avec toutes sortes de petites sources lumineuses un peu partout, à la bougie ou grâce à de petites lampes à huile.

 

Voleurs de chevaux de Micha Wald

C. :Jean-Paul De Zaeytijd est devenu ton chef opérateur depuis tes premiers courts métrages.  Comment se passe votre relation ? Vous discutez ensemble de la lumière, de la manière dont tu vas construire ton film, ou bien c’est lui qui fais des suggestions ?
M.W. : On se connaît depuis très longtemps donc je pense qu’il y a des habitudes de travail. Les choses se font naturellement. J’écris un scénario, il le lit, on prend quelques films comme références et on voit tout de suite dans quelle direction on va. Parfois, on travaille autrement : je découpe pas mal de photos, Jean-Paul aussi, on les regarde et on se dit : « voilà, ces couleurs-là, ces tons-là, une gamme entre ça et ça, tel type de lumière ». C’est comme ça qu’on construit le film : on voit beaucoup de films ensemble, on travaille beaucoup en amont. Je commence à faire une première version du découpage, puis j’en fais une deuxième avec lui. On fait des essais en vidéo donc on chipote beaucoup. C’est une partie du travail assez intéressante qui nous permet de donner une tonalité. C’est vrai qu’ici, Jean-Paul proposait d’éclairer comme Barry Lindon, de justifier dans le champ toutes les sources d’éclairage. Moi, j’avais découpé toute une série de couleurs pour les Cosaques et pour la fin du film et puis, on a travaillé à trois avec le chef déco, André Fonsny. C’est une des parties les plus chouettes du boulot que de créer vraiment l’ambiance du film, les couleurs, les teintes, les costumes et que ce tout soit cohérent.

 

C. : Il y a un élément cohérent que je voudrais aborder, c’est celui de la construction en chapitres, « Lui », « Eux », « La Traque ». Tu pourrais nous expliquer ce découpage-là ?
M.W. : Le film est effectivement découpé en trois chapitres, mais il n’y a pas toujours d’explication à tout. On fait souvent des choses parce qu’on en a envie, parce qu’on les aime. Moi, j’aime bien les chapitres dans les films. Je trouve que ça rappelle un peu la littérature, que ça permet également de faire aussi des ellipses et des ruptures de manière élégante. Il y a une certaine poésie qui se dégage des cartons. Et ici, ça permettait de sortir du film, de remettre en perspective chaque chapitre et, en même temps, de perturber un peu l’histoire. Les chapitres représentent les trois axes d’une histoire mais ils renforcent le côté fable. Dans Alice et moi, j’avais mis des cartons qui étaient beaucoup plus aléatoires, moins structurants pour apporter un côté un peu incongru, un peu drôle. Ici, ils permettaient de restructurer et d’éclairer l’histoire et de clore chaque chapitre.

 

C. : Ça rejoint l’idée de récit que tu envisageais à un moment donné pour Voleurs de chevaux …
M.W. : J’y ai effectivement pensé. J’ai écrit trois pages et puis, j’ai vite abandonné. Tout est possible en littérature, donc c’est très compliqué. Je me suis demandé pendant deux semaines si j’allais écrire à la première, à la deuxième ou à la troisième personne du singulier ! J’ai commencé à la deuxième personne : « tu/tu/tu » : un récit que j’aime bien, mais après, on ne sait pas, on peut faire des digressions dans tous les sens, on peut passer dix pages sur ce que pense le personnage. Pour un scénario, j’ai plus de facilité, parce que c’est plus clair, plus simple. On sait où on peut aller et où on ne peut pas aller. Ça va plus vite pour moi d’écrire un scénario qu’un livre. C’est quelque chose que j’aimerais bien faire un jour, mais je pense que ça va me prendre des années. Dans les prochains projets, il y a de nouveau des chapitres, de nouveau des cartons.

 

C. : On réutilisera la question alors ! Autre élément remarqué dans ce film certes très physique : le peu de dialogues…
M.W. : Les personnages passent leur temps à se taper dessus, donc il n’y a pas vraiment de raison d’expliquer ce qu’ils sont en train de faire. Et puis, ils n’ont pas beaucoup de contact entre eux : les deux frères Cosaques n’ont pas le temps de parler, et les deux frères volent des chevaux, puis s’échangent trois mot, juste le minimum requis. Les deux ennemis n’ont pas l’occasion de se parler non plus : ils se détestent et ils se tapent dessus. L’histoire elle-même faisait donc qu’il n’y avait pas beaucoup de dialogues. Certes, parmi les films de Kurosawa, il y a des films très bavards, mais dans ceux que j’aime bien, il y a souvent peu de dialogues. Dans ce cas-ci, ça ne se prêtait pas. Mais ce n’est pas grave : je vais faire un film très bavard après !

 

C. : Pourtant dans Papa est en voyage d’affaires [Emir Kusturica], il y a un gosse qui fait des commentaires en permanence. Même si il n’y a pas de dialogues dans les images, cet arrière-fond intervient sans arrêt.
M.W. : Oui. Dans Barry Lindon, il y a aussi une voix-off qui raconte à l’avance ce qui va se passer. C’est pas mal aussi.

 

C. : Donc c’est vraiment un choix de ta part. Ce n’est pas seulement dû au fait qu’il s’agissait de gens qui se tapaient dessus tout le temps !
M.W. : Non, bien sûr ! Mais j’ai un peu de mal avec la voix-off. C’est un truc que je ne maîtrise pas bien et qui ne me vient pas naturellement. Peut-être que quand j’aurai fait 10 ou 15 films, je me dirai que j’ai envie d’essayer un truc comme ça mais là, je n’en suis qu’au début et il y a des choses qui me viennent plus facilement que d’autres. Mettre une voix-off aurait été très compliqué… Mais ça aurait peut-être été super (rires !)

 

C. : Fais une seconde version pour le DVD !
M.W. : Oui (rires)!

 

C. : Ou alors insère la voix-off dans le bonus pendant le film et le générique (ndrl : comme dans Alice et moi).
M.W. : Oui (rires)!

 

C. : Est-ce que ton approche de la nature est similaire à celle d’un de tes autres courts, Les Galets ?
M.W. : Oui. Je pense que dans Voleurs de chevaux il y a des plans qu’on retrouve dans Les Galets : des plans de rivière, d’arbres, de terre. C’était un des axes du film : faire un film assez organique, très proche de la nature où on sent bien les éléments : la rivière, l’eau, le vent, le bois, la terre, le sang, les chevaux. C’était voulu, donc il fallait l’illustrer…

 

C. : Mylène Saint-Sauveur, la seule femme dans le scénario, apporte un souffle au milieu des quatre hommes. Dès le début, tu avais pensé à ce personnage pour offrir cette respiration ?
M.W. : Oui. Dans une des versions du scénario, le personnage féminin avait un plus grand rôle que ça puis, il s’est estompé vu que j’ai surtout resserré sur le couple des deux frères. En fait, elle fait le lien entre les deux couples de frères. C’est un peu l’élément perturbateur. C’est une femme : étrange… (rires) ! Précédemment, il y avait d’autres personnages secondaires qui avaient plus de place et puis, au fur et à mesure de l’évolution, j’ai dégraissé mais elle, elle est restée. Elle était importante surtout pour expliquer qui était Elias, montrer qu’il avait accès à d’autres choses que les trois autres, qu’il était le seul à avoir un semblant de vie sociale. Les gens pouvaient l’aimer, il pouvait aimer, il rencontrait des gens de son âge, il n’était pas totalement dans ce monde sauvage, dans la forêt avec des bêtes…

 

Voleurs de chevaux de Micha Wald

 

C. : … Avec des chevaux surtout, qui sont quasiment aussi importants que les personnages qui s’affrontent. C’est un lien avec l’Ouest américain ?
M.W. : Oui. Les chevaux, c’est comme dans le western… Mais chez Kurosawa, dans Les Duellistes et dans Barry Lindon, ils sont présents aussi. Une des idées que j’avais notée était  l’histoire d’un gars qui, au 19ème siècle, vole des chevaux en Pologne et qui passe la frontière pour les revendre en Russie. Voilà, c’était déjà une des sources du film. Maintenant pourquoi les chevaux ? C’est chouette, c’est beau mais c’est hyper chiant pour tourner !

 

C. : Une chose m’a beaucoup surpris : tu as une caméra à hauteur humaine, à la Howard Hawks. Il y a très peu de plongées et de contre-plongées.
M.W. : Il y a pas mal de plongées : Jean-Paul est généralement plus grand que les acteurs, il est souvent un peu au-dessus des personnages. Souvent, au début d’une séquence, on est en haut ; cela fait partie des choix.
Je trouve que les contre-plongées représentent souvent des effets. Je n’aime pas du tout les top shot, je préfère ce qui se voit moins. De toute façon, ici, on ne voulait surtout pas une mise en scène tape-à-l’œil, mais bien quelque chose de simple, d’efficace, de brut comme l’histoire avec des plans fixes, peu de mouvements, si ce n’est ceux des panneaux. Et pour les scènes un peu plus mouvementées, chahutées, on voulait une caméra fluide, pas trop saccadée mais on filme toujours un peu au-dessus.

 

C. : Certaines choses ont-elles été modifiées par rapport au tournage ?
M.W. : Susana Rossberg a commencé à monter le film pendant le tournage. À la fin, on avait une première version du montage qui était à la fois très fidèle au découpage et en même temps, Susana avait fait quelques petites propositions qui étaient tout à fait surprenantes. Mais on est quand même resté dans la structure en trois chapitres. Il y a toujours des choses qui changent : on a de nouveau dégraissé, beaucoup de personnages secondaires ont disparu, on s’est recentré sur le duel. D’habitude, je suis là du début jusqu’à la fin, pendant le montage. Cette fois, on a fait autrement pour essayer et c’était pas mal.

 

C. : La question conclusion : celle du prochain projet, Simon Konianski, qui a un lien avec ce que tu avais fait avant. On veut bien des informations parce qu’on est très curieux !
M.W. : Le prochain est une comédie, c’est un peu une suite d’Alice et moi quelques années plus tard : le personnage a vieilli, il a un enfant tout comme moi. On tourne au printemps prochain et j’espère que ce sera super (rires) ! C’est de nouveau un film en deux parties : une en Belgique et une, road movie, jusqu’en Ukraine. Tout n’est pas encore posé donc beaucoup de choses peuvent encore changer en fonction des repérages et au fur et à mesure que le projet avance. Je sais qu’un scénario n’est jamais figé, qu’il se transforme. Pour Voleurs de chevaux, j’ai  changé des trucs peu de temps avant le tournage. J’espère que ça ne se passera pas ici, mais on ne sait jamais.

 

C. : Est-ce que tu as l’impression qu’à travers ta filmographie, tu en sais bien plus sur toi, sur tes racines et sur tes capacités ?
M.W. : J’en sais plus sur moi en tant que réalisateur, c’est évident. À chaque film, on apprend des choses, on voit ce qu’on aime et ce qu’on n’aime pas, ce qu’on arrive à bien faire et ce qu’on ne fait pas très bien, ce qu’on devrait plus travailler et ce qu’on devrait carrément laisser tomber. Ça, c’est positif. Maintenant, qu’est-ce que ça dit sur moi ? Sûrement plein de choses. Un des gars qui jouait dans le film, le chef du camp cosaque, est psychiatre. Il m’a fait une belle analyse du scénario. J’ai vraiment eu droit à tout : c’était très drôle et très brillant ! Tout y est passé : le bouc, les frères, la fille ! Sans doute, dès qu’on crée quelque chose, on met une part de soi et ça dit souvent plus de trucs qu’on a envie de dire. Maintenant, je n’ai jamais été violent avec mes frères, il y a eu plus de femmes dans ma vie que dans mon film, je ne suis pas cavalier et je n’ai rien à voir avec les boucs !

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