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Minuscule, La vallée des fourmis perdues

Publié le 15/03/2014 par Nastasja Caneve / Catégorie: Critique

Il faut se serrer les pattes !
Au commencement était Minuscule, un court métrage d'animation réalisé par Thomas Szabo et Hélène Giraud. Premier projet qui a donné lieu à un développement pour la télévision et pour le cinéma. Depuis 2004, la série télévisée a déjà fait des milliers d'adeptes dans une centaine de pays. Après de nombreuses années de travail et de réflexion, Minuscule, un film mêlant des décors naturels filmés en prises de vues réelles et des personnages animés, arrive sur les écrans. Même si les petites bêtes ne peuvent pas manger les grosses, ce film montre à quel point l'animation franco-belge a encore de beaux jours devant elle. N'en déplaise à Pixar.

Minuscule, La vallée des fourmis perdues


Minuscule
, c'est l'histoire d'une guerre sans merci que se livrent deux armées rivales : celle de Mandibule, chef de la colonie des fourmis noires, et celle de Butor, chef de la colonie des fourmis rouges. L'objectif ? S'emparer d'une boîte remplie de morceaux de sucre, abandonnée en pleine forêt par un jeune couple venu pique-niquer. Minuscule, c'est aussi l'histoire d'une adorable coccinelle qui va risquer sa vie pour aider son nouvel ami, Mandibule, à remporter la bataille.

Les protagonistes, déjà connus des adeptes de la série télévisée, constituent un savant mélange entre réalité et univers cartoonesque. Une coccinelle sensible et obstinée, une fourmi téméraire et organisée, une autre hargneuse et désagréable, un trio qui sera agrémenté de nombreuses autres bestioles, les personnages secondaires. L'identification fonctionne. Dans la salle, les petits poussaient des cris terrifiés (et les grands n'en faisaient pas moins). Pauvre petite coccinelle qui se fait harceler par une horrible mouche aux yeux rouges et qui, après une violente chute, se retrouve sur le dos, presque morte. Silence. Silence. Une petite patte bouge, un œil s'ouvre. Ouf. Sauf qu'il lui manque une aile. Ooooh. Infirme, elle se voit contrainte de rejoindre la tribu des fourmis noires qui l'accueillent à pattes ouvertes.

À côté de ces personnages qui émeuvent, avec leurs petits yeux globuleux (petits airs du chat dans Shreck... Mignon), avec leurs manies, avec leur sensibilité, il y a la bande son, qui ne contient aucun dialogue. Dans le fond, c'est vrai, les insectes ne parlent pas dans la vraie vie. Mais, ils communiquent et le travail de bruitage est tout simplement magique. Alors que Butor s'exprime avec un baragouinage explosif et un peu baveux (un chien de garde énervé, en petit), Mandibule adopte un langage plus méthodique et sifflotant et la coccinelle joue de la trompette. Sans oublier les interminables courses poursuites doublées d'une bande sonore tirée d'un grand prix de F1.

Tout ce beau monde se déploie dans des décors réels filmés dans les parcs nationaux du Mercantour et des Écrins. Ce choix de décor ne touchera peut-être pas les enfants (parfois la caméra s'extasie un peu trop longtemps sur cette nature majestueuse et foisonnante), mais il faut reconnaître que l'association de l'animation 3D, prise principalement en charge par le studio belge Nozon, et des prises de vues réelles est fort bien réussie.

En bref, Minuscule mêle à la fois l'aventure épique (en mode Seigneur des Anneaux), la fable comique (aux accents de films burlesques des années 20) et le documentaire façon Microcosmos animé. Fable aux accents bucoliques, le film prône l'acceptation de la différence (à noter ce sympathique leitmotiv de Mandibule qui tapote le dos de la coccinelle avec ses antennes en signe de reconnaissance et d'amitié). Une belle réussite, issue de nos contrées, qui plaira aux petits comme aux grands.

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