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Mont Blanc de Gilles Coulier

Publié le 15/05/2013 par Fred Arends / Catégorie: Critique

Mont Père

Pour son troisième court métrage, Gilles Coulier impose un style direct et brut tout en faisant la place à un certain raffinement. Au pied d'une montagne enneigée, un mobil-home est arrêté. Il s'y joue une relation tendue entre un père, qui souhaite voir le Mont-Blanc, et son fils, qui éructe et râle car la montagne en question n'est pas le fameux mont. De fait, ils sont perdus et peu importe, la montagne à voir, n'est peut-être pas celle qu'on croit. 

image du film Mont blancD'emblée, le premier plan étonne par sa composition graphique où l'oblique crée une impression d'instabilité qui se confirmera tout au long du récit. La relation filiale est elle-même instable, ou du moins marquée par une difficulté de communication. L'instabilité finale (la chute du père) marquera le retour au foyer et, lors de la scène finale d'une magnifique tendresse, la reconnexion entre deux êtres après un voyage fait de reproches et d'incompréhensions.

Il est également intéressant que le réalisateur sorte de l'habituel conflit entre générations où s'affrontent souvent des adultes et des adolescents. Ici, un vieux père et son fils, la quarantaine, se chamaillent, essaient de se dire des choses tues depuis longtemps. D'où aussi le trouble créé par le physiques des deux comédiens, subtils Wim Willaert et Jean-Pierre Lauwers, deux ogres à l'imposante barbe, mis en exergue par des champs/contrechamps où se lisent à la fois l'altérité, la filiation et l'intime. Ce Mont-blanc du titre n'est-il d'ailleurs pas ce père à la longue barbe blanche, sommet inaccessible à un fils en demande de dialogue ?

Ce court métrage prometteur est sélectionné en compétition cannoise de la Cinéfondation (comme l'était déjà son premier Ijsland, en 2010). Gilles Coulier a, depuis, écrit le scénario de son premier long métrage, Cargo.

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