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Opération Dragon de Robert Clouse par Bernard Benoliel

Publié le 07/01/2011 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Livre & Publication

Opération Dragon de Bruce Lee

bruce leeAvec cinq longs métrages réalisés entre 1971-1973, désormais disponibles en DVD, et répandus comme la foudre, pluie comprise dans tous les Chinatown du monde, Bruce Lee est devenu le héros asiatique par excellence. Bruce Lee et son double animal. Chat sautillant, il symbolise le corps animal dans un tempo d'action très différent de celui que le spectacle Hollywoodien ne cesse de nous diffuser dans ses taratatas de mitraillettes et de revolvers divers. Pas de pan pan avec une arme à feu ? Point du tout, madame monsieur, mais la souplesse asiatique dans le corps à corps. Le revolver ? Un habile coup de pied le renvoie dans le bazar du cinéma occidental. Rien de surprenant donc que Bernard Benoliel lui rende hommage dans un livre publié par l'un de nos éditeurs les plus inventifs : Yellow Now (côté films 17) et intitulé Opération Dragon de Robert Clouse. « Bruce Lee, nous explique Benoliel, a toujours voulu atteindre et promouvoir une vision légendaire de lui-même – conforme finalement à l'image de l'Orient dans le prisme déformant de l'Occident : une vision faite essentiellement de maîtrise, humilité, paix intérieure, méditation et sagesse millénaire (…) Dans chacun de ses films, il refuse longtemps de se battre sous un prétexte ou un autre (serment et parole donnée, respect d'un temps de deuil, apologie de « l'art de combattre sans combattre », manifestation d'un esprit pacifié sinon pacifique), comme s'il devait avant tout faire assaut de non-violence, ne céder finalement que sous la contrainte extérieure et répondre à force d'affronts ».

Bruce Lee ou l'art du mouvement via le cinéma, un art parfait des images en mouvement. Et cela, malgré sa fascination pour l'immobilité (l'idéal du Taoïsme). « Bruce Lee, l'homme comme le personnage de ses films, aspire à la maîtrise de soi, la sagesse millénaire du Tao, la tempérance et la tranquillité, autant de qualités dont l'immobilité est le signe (et un signe qui l'éloigne de son origine, celle des combats de rue et des peignées sur les toits de Hong Kong). » Nous sommes dans le yin yang : la sagesse asiatique et la fureur de l'orgueil (l'hybris des Grecs).

Son film devenu culte, La fureur du dragon (1972), nous vaut aussi une très belle analyse de Bernard Benoliel dans Les Cahiers du Cinéma 662 (décembre 2010). Un film dont il signe pour la première fois la mise en scène avec une séquence finale géante, filmée au Colisée de Rome. Un duel entre David et Goliath. On y voit un Bruce Lee sautillant comme un chat se dirigeant vers le centre de l'image pour faire face au lourdaud Chuck Norris, (prétendu maître des arts martiaux). Entre les plans Lee/Norris un chat qui exécute avant lui son phrasé. Une bande son impeccable avec les cris animaux de Lee et la musique du générique de James Bond 007 mais surtout celle d’Ennio Morricone dans une séquence qui est aussi un hommage à Sergio Leone.

Opération Dragon de Robert Clouse par Bernard Benoliel, éditions Yellow Now/côté films 17.