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Par ailleurs le cinéma est une industrie

Publié le 07/06/2016 par Fred Arends / Catégorie: Livre & Publication

Entretien de Philippe Reynaert par Jacques Bredael

Mai 1999. Rosetta de Luc et Jean-Pierre Dardenne remporte la Palme d'or au festival de Cannes. Le monde entier découvre la Wallonie et un cinéma en pleine explosion. Sous l'impulsion du politique, le premier fonds régional d'investissement consacré au cinéma est créé, et Philippe Reynaert est engagé comme directeur. Quinze ans après la naissance de Wallimage, ce petit livre revient sur cette aventure extraordinaire qui a permis la naissance d'un système unique de soutien au cinéma et plus largement à l'économie wallonne.

Les premières questions reviennent sur le parcours très cohérent de Philippe Reynaert dont les compétences cinéphiles, publicitaires et financières lui ont permis d'être engagé comme directeur de Wallimage. Le format de l'interview permet à l'ancien présentateur cinéma de la RTBF de déployer une pédagogie ludique et très accessible. Grâce à la simplicité du langage, l'art de l'anecdote et les exemples concrets, le fonctionnement de Wallimage et surtout du Tax-Shelter, a priori très complexe, deviennent limpides. Si le célèbre Belge aux lunettes blanches a tendance à célébrer l'institution qu'il dirige, il n'hésite pas à pointer du doigt les multiples problèmes et détournements malsains que ce système a pu engendrer.

À l'époque, il s'agissait de tout inventer. Inspiré par la région Rhône-Alpes à Lyon et le Västra Götaland à Göteborg, Reynaert a développé un système simple : le fonds soutient la production cinématographique si celle-ci dépense l'argent reçu en Wallonie. En termes de bilan, Wallimage est une réussite majeure car il a généré un effet structurant sur l'industrie audiovisuelle wallonne : création de sociétés d'effets spéciaux, de studios de tournage, de mixage, de laboratoires, etc... dont certains connaissent aujourd'hui une notoriété mondiale.

Malgré les succès, on sent poindre également certaines déceptions dont la rupture avec le fonds d'investissement bruxellois (Screen Brussels) et surtout certains dangers comme la tendance française au protectionnisme. En effet, après avoir fait le plein de tournages de films français grâce aux nombreux avantages offerts par Wallimage et le Tax-Shelter, le cinéma français s'est un peu replié sur lui-même, fermant de plus en plus ses portes à des coproductions internationales. En prenant l'exemple de la Belgique qui, par sa taille, est devenue experte en matière de coproduction, Philippe Reynaert privilégie au contraire la plus grande ouverture possible aux coproduction, seule possibilité selon lui pour le cinéma européen d'exister face aux géants américains et asiatiques. Aujourd'hui, Wallimage a permis la création de Screen Brussels et Screen Flanders. Une belle leçon d'entrepreneuriat et d'optimisme pour l'avenir.