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Pascal Adant, cinéaste in fine

Publié le 01/05/2008 par Dimitra Bouras et Antoine Lanckmans / Catégorie: Entrevue

De prime abord, quand Pascal Adant se présente à vous, rien ne surprend. La démarche vigoureuse d'un homme sûr de lui, le timbre de la voix clair et posé, les traits du visage lisses; tout pour rassurer son interlocuteur. Mais à la première question : « Pourquoi es-tu passé de l'animation à la fiction? » la sérénité de ce jeune quadragénaire bascule. Pascal s'emballe, ses mains s'agitent, des perles brillent sur son front empourpré. Non, il n'est pas passé de l'animation à la fiction, ni du court au long !

Il a uniquement utilisé les outils qu'il avait à sa portée pour matérialiser un rêve qui le hante depuis ... longtemps. Cela remonte à son adolescence, et comme les histoires les plus belles sont les plus compliquées, Pascal a d'abord touché à diverses techniques avant d'arriver au cinéma. Quand il parlait de réaliser des films, la réplique immédiate qu'il recevait en retour était invariablement : « Mais il faut aller à Hollywood pour faire du cinéma ! » À l'époque, ni Toto le héros, ni C'est arrivé près de chez vous n'avaient encore fait dérouler le tapis rouge cannois. Par désespoir de ne pouvoir se rendre au pays de la « Forêt sacrée », Pascal se lance dans l'art national; la bande dessinée, où il ne connaît que refus des maisons d'édition.
Après un bref passage par la vidéo, il arrive à la photo (au service du drapeau belge) pour mieux atteindre la pellicule. Il débute avec du 16 mm, sur une ancienne Bolex. Mais quand on est cinéaste autodidacte, qu'on ne sort pas d'une école qui vous a déjà permis de montrer ce dont vous êtes capable, c'est galère de recevoir l'aide publique et/ou privée pour s'adonner au 7ème Art, même pour un passionné ! Et justement, lorsqu'on vibre du désir de projeter sur un grand écran son imagination débordante, on est prêt à tous les sacrifices. Personne ne croit en ce jeune illuminé tant qu'on n'aura rien vu de lui ? Qu'à cela ne tienne !Il se lance seul, avec ses compagnons les crayons, les pinceaux, les couleurs et le papier qu'il connaît bien.
Et cela donne une histoire courte, drôle qui lui vaut un franc succès en tant que... animateur ! Tout est à recommencer. Pascal s'emmêle les pattes dans cette toile que le destin semble tisser autour de lui. Mais, comme dans toutes les belles histoires, le temps lui donne raison. Pour preuve, ce long métrage qu'il vient de terminer (seul) Let's make a movie, un film autobiographique, et comme son nom ne l'indique pas, 100% belge, humour et dérision en plus, lourdeur en moins. Long métrage que l'on espère bientôt découvrir dans les salles nationales, avant nos voisins!

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