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Pêle-Mêle de Maëlle Grand Bossi

Publié le 15/12/2011 par Sarah Pialeprat / Catégorie: Critique

À livre ouvert

 

Maëlle Grand Bossi a fourré son nez et sa caméra chez Pêle-Mêle, The bouquiniste bruxellois. Petit documentaire pittoresque et tendre sur un petit monde qui en dit long sur le grand.

 

photo du film Pêle-mêle de Maëlle Grand Bossi Sur un boulevard animé, au centre de Bruxelles, la bouquinerie Pêle-Mêle reçoit, chaque jour, passants et touristes, curieux et amateurs, étudiants et habitués. Dans ce palais de vieilles pages, dans l’odeur âcre de poussière et de papiers, les clients vont et viennent, s’arrêtent, caressent une couverture en peau de vélin, ouvrent un ouvrage à la recherche d’un exemplaire de tête, furètent pour trouver une pièce supplémentaire à ajouter à leur trésor. Ce sont quelques habitués que Maëlle Grand Bossi est venue rencontrer et nous faire connaître. Ces hommes, seuls, viennent plusieurs fois par semaine faire le siège de la librairie « comme on fait le siège d’une jolie femme ». C’est ce que nous explique cet autodidacte précieux, chapeau vissé sur la tête et nœud papillon fixé autour du cou, amateur de contrefaçons. La réalisatrice nous conduit chez lui, un antre peuplé de livres empilés formant des cathédrales vertigineuses. Là, l’homme nous dévoile quelques-uns des secrets que renferment ses trouvailles, une lettre d’amour dissimulée dans un cartonnage… moment délicieux de lecture où se produisent la rencontre et le partage. Nous pénétrons aussi l’univers intime de ce fanatique de Jean Gabin, toujours à l’affût d’un ouvrage sur son héros. La parole est laborieuse, la solitude se fait palpable. La « jolie femme », poussée par les piles de bouquins, s’est-elle fait la malle ? C’est que le point commun de nos protagonistes est bien d’être seuls, terriblement seuls.

Mais chez Pêle-Mêle, les habitués ne sont pas tous des amateurs de livres. Costa, lui, vient tous les jours revendre sa collecte nocturne de vieux magazines qu’il trouve dans les sacs-poubelles de la ville. Glaneur par nécessité, il survit grâce au gaspillage des autres.

À l’image de ce générique qui voit défiler les protagonistes derrière la vitrine sur une musique de fanfare, le documentaire reste un peu trop à l’écart de son sujet, proposant une fenêtre qui ne s’ouvre que trop partiellement. Néanmoins, ce petit documentaire pur et doux sur les héros très discrets est aussi le portrait d'une économie parallèle qui pose la question de rebut, du rejet, de l’exclusion où se côtoient la poésie et le réalisme social.

Pêle-Mêle de Maëlle Grand Bossi 

Résumé : Pêle-Mêle est une bouquinerie située en plein coeur de Bruxelles. C'est un fouillis organique, un espace débordant de livres autour desquels se côtoient les riches et les pauvres, les jeunes et les vieux ... et une clientèle d'habitués "haut en couleurs".
Chacun y touche et y aime les livres à sa manière. 

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