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Pro Spere, ARPFdoc et l'UPFF : Refinancement du budget de la Commission de sélection

Publié le 01/06/2004 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Événement

Refinancement du budget de la Commission de sélection

Le 12 mai 2004, les représentants des associations professionnelles : Pro Spère, ARPFdoc, l'Union des Producteurs francophones (l'UPFF), donnaient une conférence de presse a l'Hôtel Métropole. Etaient présents : Luc Dardenne, (les Films du Fleuve), réalisateur et producteur ; Patrick Quinet (président de l'UPFF), producteur ; Luc Jabon (Pro Spere), scénariste et réalisateur ; Frédéric Sojcher, (président de l'ARRF), réalisateur ; Sergio Ghizzardi, (ARPFdoc), producteur ; Marion Hänsel, réalisatrice,  productrice. Il s'agissait du refinancement du budget alloué à la Commission de sélection du Centre du Cinéma et de l'Audiovisuel de la Communauté française de Belgique qui finance les projets de courts et de longs métrages de documentaire et de fiction en octroyant des aides à la production, à la diffusion et à la promotion.

Pro Spere, ARPFdoc et l'UPFF : Refinancement du budget de la Commission de sélection

Un budget qui plafonne depuis quelque temps, alors qu'on connaît l'importance capitale de l'image dans le monde d'aujourd'hui et de demain. Le cinéma n'est pas seulement un acte de création, il véhicule un mode de vie, un imaginaire, une découverte de l'autre, en un mot une pédagogie que de moins en moins de médias - scotchés à l'actualité immédiate et soumis à la pression de la publicité - peuvent encore offrir à leur public. D'où l'importance de soutenir et de développer un outil qui, dans notre médiasphère, ne cesse de provoquer l'imagination en lieu et place de la réaction. Nous reproduisons ci-dessous les propos les plus importants des intervenants auxquels nous ne pouvons que souscrire.


Luc Dardenne

Nous avons rencontré tous les présidents des partis politiques, en particulier le président du PS, Elio Di Rupo, qui est à l'origine de l'augmentation du budget, pour leur demander d'accroître celui de la commission de sélection des films. Une initiative que les différents partis ont appuyés et se sont engagés à soutenir. Cela nous a permis de rencontrer Monsieur Chastel qui nous a accordé une sorte d'avance, en trésorerie de 1 million d'euros supplémentaires qui seront accordés de manière récurrente dans les années à venir . Nous le remercions. C'est bien d'avoir ce million mais cela ne suffit pas. C'est important pour la Commission de sélection qui se réunit en juin. Aussi, nous demandons que les ministres qui seront à la table de négociation après les élections de juin, augmentent de façon significative l'enveloppe budgétaire de 2005 sur le long terme. La viabilité de l'industrie du cinéma en Belgique demande qu'on double le budget octroyé à la commission de sélection, d'autant que l'argent privé c'est bien mais ce n'est pas suffisant. L'aide publique c'est la garantie de la survie de notre cinéma et la possibilité d'assurer son originalité. Ce que nous voyons actuellement en France démontre que de nombreux producteurs infléchissent des projets artistiques vers une demande non explicite - mais qui est là - de rentabilité, de retour rapide sur investissement en n'allant plus que vers le grand public. Le cinéma c'est aussi un point de vue, un regard qui n'est pas uniquement une logique basée sur une valeur d'affichage (stars ou grandes vedettes pour le prime time télévisuel). Ce qui nous réunit, tous, autour de cette table, c'est donc aussi et surtout la défense de la commission de sélection du film qui protège l'aspect artistique de notre travail.

 

Patrick Quinet

Nous espérons avoir un ministre qui reste suffisamment en place pour pouvoir agir sur le long terme. Il faut un seul ministre de la Culture afin d'avoir une véritable politique culturelle. Le tax-shelter qui vient d'être instauré est une aide complémentaire et nous en soulignons l'importance. Mais on constate que les films bénéficiant de cette source de financement privé ne l'obtiennent que lorsqu'ils ont l'aval de la Commission de sélection. Celle-ci est en quelque sorte un garant de la faisabilité d'un film. L'aide publique ne peut donc devenir minoritaire sous peine de faire hésiter certains producteurs à s'engager. Le budget de la commission de sélection est passé de 5,50 millions d' à 6,50 millions d' pour cette année. Ce ne sera pas un « one shot » puisque les présidents des partis se sont engagés à légiférer afin que ce million d' fasse partie de l'enveloppe budgétaire de manière récurrente. Ceci étant, notre demande pour 2005, est le doublement de l'enveloppe budgétaire actuelle qui est tout à fait insuffisante pour financer des projets de qualité, que la commission de sélection est obligée de rejeter faute de moyens. Cela signifie que l'on passerait de 5 millions à 10 millions d'euros pour le cinéma. Notre demande n'est pas exagérée elle correspond à une avancée de notre créativité en communauté française. Nous demandons des actes concrets après les élections du 13 juin.

 

Luc Jabon

Les subventions accordées par la Commission de sélection sont primordiales en amont d'une production. Elles sont souvent la seule source non seulement pour monter un film financièrement, mais également au niveau du scénario. Et surtout elles sont indispensables pour les courts métrages et les documentaires qui sans cette aide n'existeraient pas. Les projets de qualité qui nous parviennent (Luc Jabon est membre de la commission de sélection) sont de plus en plus nombreux. Etant donné les contraintes financières, un projet doit non seulement obtenir la majorité mais aussi l'unanimité des membres de la commission. Ce qui signifie que sur douze projets sélectionnés à la majorité, seuls deux ou trois obtiendront l'unanimité. Qu'on nous comprenne bien ce n'est pas parce qu'il y a beaucoup de projets qu'il faut augmenter l'enveloppe budgétaire. La commission doit continuer à sélectionner les projets de qualité mais précisément ceux-ci augmentent sans que le budget ne suive.

 

Marion Hänsel

Il faut aussi ajouter l'augmentation des coûts de production pour financer un long métrage. Ce qui il y a quelques années était impensable est devenu aujourd'hui une réalité. Un film coûte entre 100 à 150 millions de francs belges. Donc il s'agit plus que jamais de co-productions dans lequel il importe de ne pas être, une fois pour toutes, le partenaire minoritaire.

 

Frédéric Sojcher

Le mécanisme existant pour le cinéma francophone: c'est la Commission du film. Si, l'ensemble de la profession, de façon chronique, demande un refinancement de la Commission du Film en Communauté Française ce n'est pas un débat corporatiste, c'est véritablement un enjeu pour le développement de notre cinéma, sur la place de celui-ci en Communauté française et un enjeu par rapport au succès qu'il rencontre. Contrairement à ce qu'on croit notre cinéma a un succès inespéré compte tenu du nombre de longs métrages qui sont réalisés chaque année en Communauté. Il faut une politique qui soit à la hauteur des succès des producteurs et des cinéastes. Qu'il y ait donc un relais qui passe nécessairement par la Commission de sélection du film.

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