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Richard Olivier, cinéaste des cinéastes

Publié le 08/07/2008 par / Catégorie: Hommage
Tourner pour ne pas mal tourner.”

Le 13 avril de cette année 2008, Benoit Lamy nous a quitté. Le départ douloureux de ce monde de notre ami cinéaste m’a glacé. 

Benoit, je le connaissais depuis notre première rencontre au Musée du Cinéma,  à l’occasion de la projection de son tout premier court métrage au début des années septante. Nous étions donc plus ou moins de la même génération, celle des temps héroïques de l’I.A.D . 

Au cours des années qui suivirent, on s’est beaucoup vu, puis un peu moins, puis plus du tout, avant de se revoir à nouveau et pour longtemps, pensais-je, sans vraiment trop y croire, car la vie est si vache et les cinéastes quelquefois si cow-boys.

 Il vient un moment dans nos existences où seule la mort sépare définitivement, et il faut avoir entendu Léo Ferré évoquer en musique son poème testamentaire, Les vieux copains, pour en ressentir toute la désespérance et en apprécier la beauté.

Le hasard fait que ces dernières années, Benoit et moi habitions non loin l’un de l’autre. Le cimetière de Braine l’Alleud où il repose à présent est encore plus proche que ne l’était sa résidence perdue dans les bois, à quelques minutes à vol d’oiseau de chez moi.

Aussi, lorsque passent les nuages au-dessus de ma maison, il m’arrive de penser à lui, là-bas, tout seul dans son coin de cimetière, qui ne peut plus les regarder et en apprécier l’étrange beauté.

Est-ce mal de songer à cela ? Chacun y répondra selon sa sensibilité et l’importance qu’il accorde aux autres, à leurs traces de vie.

Personnellement, je regretterai toujours de ne pas avoir filmé Benoit chez lui; d’autant plus que lors de ma dernière visite à son domicile le 18 mars, au moment de le quitter, l’ami Benoit, debout sur le seuil de sa porte, m’a dit ces derniers mots "S’il existe un autre monde, c’est là que l’on se reverra", d’où est née l’étincelle du projet que voici.

Son énoncé est simple, voire même basique : filmer tous les cinéastes de ce pays et les réunir sous un titre « générique ». Les filmer tous et toutes indistinctement de leur âge, de leur style, de leur genre, de leur talent.

C’est là une tâche énorme par le nombre élevé des cinéastes, et complexe par le kaléidoscope riche et varié des personnalités.

Pour tenter de mener l’entreprise à bonne fin, il faudra, me semble-t-il, tenir compte du critère suivant : le ou la cinéaste devra avoir réalisé au minimum trois films, sauf exception. En effet il m’est impossible physiquement et matériellement de filmer le ou la cinéaste qui ne serait l’auteur(e) que d’un seul court métrage. Ce serait à la fois prématuré et irréalisable.

Ce projet, dont le tournage s’échelonnera sur plus de trois cents jours, est hors normes par rapport à tous ceux produits et réalisés à ce jour. Aussi, même si j’en ai eu l’idée et vous propose d’en être le maître d’œuvre, il ne s’agit pas ici de MON film mais de NOTRE film à tous.

Vous l’aurez compris, ce ne sera pas une œuvre filmique susceptible de trouver place dans les habituels circuits de distribution, destinée au départ à faire carrière et à rapporter d’éventuels dividendes, mais plutôt de sauvegarder dans un même ensemble filmique, sorte de Mundaneum, l’image de tous ceux et de toutes celles qui vouent leur vie à la réalisation de leurs films.

Quid de la réalisation ?

  1. Filmer le ou la cinéaste dans le lieu et à l’heure de son choix.

  2. Support vidéo. Caméra Sony 150 en ma possession.

  3. Deux questions que je considère comme essentielles leur seront posées au départ:

            a) Qu’est-ce que pour vous le cinéma ?

            b) Qu’est-ce qui vous motive à faire des films ?

  1. De plus, il leur sera donné l’occasion d’évoquer une anecdote particulière, voire un aphorisme et aussi le choix « cornélien » par le ou la cinéaste de choisir une seule et unique image représentative de son œuvre ou de sa vie.

Le résultat final sera une œuvre collective dont la durée dépassera celle de plusieurs longs métrages mis bout à bout.

La réalisation de ce travail s’échelonnera, j’imagine, sur plusieurs années. En cas d’incapacité de ma part de le mener à bonne fin, il va de soi que d’autres auront non seulement le droit, mais aussi le devoir de prendre le relais et de le terminer… temporairement, puisque dans le cas présent le mot FIN n’a pas de raison d’être.

Je porte à votre attention que mon projet est soutenu par l’Association des réalisateurs et réalisatrices de films (ARRF) et des membres de son Conseil d’administration.

Toutes les personnes avec lesquelles j’ai eu l’occasion jusqu’à présent de m’entretenir à propos de ce projet sont enthousiastes et cela, à un point tel que je n’osais imaginer.

Comme la route est longue et que le temps nous est compté, j’ai déjà entrepris de filmer des cinéastes tels que : Christian Mesnil, Luc De Heusch, Jean-Noël Gobron, Jan Bucquoy, Harry Kümel et Gérald Frydman.

Le résultat obtenu est passionnant et dépasse mes espérances.

Au cours des jours et des semaines à venir, d’autres cinéastes qui m’ont déjà donné leur accord, sont prévus. Ainsi en est-il de Marie Mandy, Philippe Simon, Patric Jean, Pierre-Paul Renders, Frederic Sojcher, Jean-Pierre Berckmans, Benoit Mariage, Jean-Claude Riga, Claude François, Jaco Van Dormael, Olivier Smolders, Thierry Zeno, Thierry Michel, Geneviève Mersch…

En résumé, je propose donc à tous les cinéastes que ce projet intéresse de me contacter soit en m’écrivant un mail à r.olivier@skynet.be, soit en me téléphonant sans trop tarder afin que nous puissions décider ensemble d’une future date de tournage.

Je réserve un jour de tournage par cinéaste.

Je vous remercie pour votre bonne attention et vous salue bien cordialement.

Richard Olivier (Juin 2008)

© Sabam

Olivier Films sprl
36, avenue du Printemps
1410 Waterloo
T/Fax : 02 344 00 94
Portable : 0477 54 31 93
mailto:93r/olivier@skynet.be

http://www.olivier-films.be/

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