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Shots! Alcool & Cinéma de Dick Tomasovic

Publié le 15/01/2016 par Nastasja Caneve / Catégorie: Livre & Publication

Faut r'connaître... c'est du brutal !
Dick Tomasovic n'est pas vraiment du genre à s'ennuyer... Quand il ne donne pas cours, entre autres, de cinéma d'animation à l'Université de Liège, il prépare des expos sur Star Wars à la BiLA (Bibliothèque des Littératures d'Aventures - Centre International S.A.Steeman) ou il présente une petite émission cinématographico-musicale sur Radio Rectangle. Et si l'envie de se retrouver seul se fait sentir, il écrit des bouquins sur le cinéma : Le Corps en abîme. Sur la figurine et le cinéma d'animation (2006), Kino-Tanz. L'art chorégraphique du cinéma (2009). Et le petit dernier de cette liste non exhaustive est Shots ! Alcool & Cinéma. Au programme : de l'alcool (qui coule à flots) et des films, une quarantaine, d'hier, d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs. Première fois qu'un ouvrage en français, publié par les éditions du Caïd, s'intéresse à la question : comment l'alcool influence considérablement la mise en scène cinématographique ?

Les fêtes viennent de se terminer, on a bien mangé, on a bien bu. On a eu le temps de dessaouler et de digérer, du coup, on peut bien s'en faire un petit... Plusieurs en fait, des petits shots condensés, des petites scènes de films cultes piochées dans l'histoire du cinéma. Parce que oui, l'alcool a toujours été là, sous nos yeux, depuis les premières lueurs du cinématographe.

Dans son ouvrage, Dick Tomasovic met en scène l'alcool, c'est le personnage principal, mais il revêt différentes facettes : il y a l'alcool en tant que tel, celui qu'on ingurgite goulûment ou avec délicatesse, il y a celui qui le boit, le buveur à la panse ventrue (Homer Simpson est de la partie) et il y a l'ivresse, qui oscille entre le stade pompette et le stade "je ne sais plus comment je m'appelle, viens par ici que je te colle ma main aux fesses avant que je ne vomisse" (en moins bien dit). Bref, tout un joyeux programme pour nous, pauvres malheureux, qui n'avons plus rien à nous mettre dans le gosier.

Pas de grands débats sur les méfaits de l'alcool (ou ses vertus désinhibantes). Ici, il sera plutôt question de l'alcool et des partis pris de mise en scène qui lui sont intrinsèquement liés. Quels sont les choix que doit faire le réalisateur pour rendre compte de l'ivresse ? Que se passe-t-il quand on met de l'alcool dans le cinéma ? Les personnages vont-ils changer, l'histoire va t-elle être perturbée ? Le protagoniste alcool fait des étincelles dans cette réalité qu'il altère considérablement.

Ce qu'on aime dans l'ouvrage, c'est que le catalogue des films choisis est riche et varié. Le lecteur fait un petit voyage dans le temps, depuis Méliès jusqu'à la dernière version de Gatsby Le magnifique. L'auteur puise dans le cinéma (de Hitchcock en passant par Cassavetes, Lautner, Ozu, Wilder, etc.), certes, mais il convoque aussi des films d'animation (Dumbo et Felix le chat) et des séries avec Mad Men, par exemple. Un catalogue non exhaustif (c'est impossible) mais hétéroclite qu'on appréhende un peu comme on veut finalement.

Inutile de s'être mis la tête à l'envers pour voir ce que ça fait, il suffit de regarder quelques scènes cultes de l'histoire du cinéma pour se faire une idée. Quel pouvoir ! Du coup, l'alcool peut faire rire, l'alcool peut faire pleurer, l'alcool permet de ramener des donzelles, l'alcool permet de célébrer, l'alcool renseigne sur celui qui le boit, l'alcool n'a pas les mêmes effets sur la gent féminine que sur la gent masculine. Un alcool omnipotent qui a toutes les cartes en main.

Un fameux cocktail pour commencer cette année 2016 en beauté. Le livre est joli, agréable à lire, enivrant, surprenant, drôle parce que se remémorer la scène culte du petit Grégory de C'est arrivé près de chez vous ne fait jamais de tort. Santé !