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Stilt Walkers, d’Alexis Van der Haeghe

Publié le 08/03/2007 par Marceau Verhaeghe / Catégorie: Critique

Y en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler !

Faut-il, comme certains professionnels, fustiger les carences nationales dans l’enseignement de l’infographie et de la 3D ? Sans contester une réalité qui voit certaines de nos grandes écoles d’animation ne s’intéresser que de très loin à l’univers de l’image de synthèse tandis que d’autres manquent cruellement du matériel de pointe nécessaire à cette discipline en évolution rapide, je m’en voudrais de céder à un pessimisme de mauvais aloi. Des initiatives existent dans notre pays, souvent modestes mais qui produisent des résultats encourageants. Témoin ce remarquable travail d’un jeune infographiste issu de la très namuroise Haute Ecole Albert Jacquard où, en 2000 a été créé un baccalauréat (bachelor) en infographie et image de synthèse.
Odon est un jeune garçon, Peter Pan moderne et solitaire qui, toutes les nuits, s’envole à bord d’un dirigeable qu’il pilote en virtuose vers son pays imaginaire. Il le parcourt de long en large et y fait la rencontre de deux étranges « échasseurs » (on est à Namur, non?) qui, après avoir écharpé son ballon, se disputent une boîte mystérieuse. Dans la lutte, celle-ci tombe et s’entrouvre, à la grande frayeur des combattants qui s’encourent à toutes échasses. C’est le moment pour Odon de satisfaire une légitime curiosité.
Ni l’originalité ni la complexité du scénario ne sont les points forts de ce travail de fin d’études, surtout élaboré pour mettre en valeur les talents graphiques et d’animateur de son concepteur. Dans ce domaine toutefois, on est impressionné. Alexis Van Der Haeghe fait œuvre originale en proposant un univers onirique d’une grande beauté, soigné et parfaitement cohérent. Son histoire est bien menée, (presque) sans temps morts, et fait l’objet d’un découpage cinématographique judicieusement étudié. Techniquement, rien n’est laissé au hasard et témoigne d’une grande maîtrise de l’infographie (le dessin, la création de personnages et de paysages, la conduite des lumières et des ombres, l’habillage, les décors). L’animation est remarquablement fluide, même dans la succession des plans. Toutes qualités qui font de Stilt Walkers une œuvre attachante et agréable à suivre. Elle témoigne, dans le chef de son auteur, d’un intéressant potentiel d’évolution qui lui a d’ailleurs déjà valu un engagement dans une prestigieuse maison londonienne. Bravo et bon vent pour la suite.

Visionnez le film d’Alexis Van Der Haeghe en Flash® en cliquant sur ce lien : http://www.vdhalexis.com/stiltwalkers.html

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