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Terzo Mondo de Tom Van Gestel

Publié le 01/03/2008 par Grégory Cavinato / Catégorie: Critique

Terzo Mondo de Tom Van Gestel

Il y a longtemps loin d’ici

Vivaient dans un pays

Etrange et merveilleux

Des petits lutins joyeux…

Vous connaissez la suite… Tout est bien qui schtroumpfe bien dans le meilleur des schtroumpfs ? Pas vraiment. Dans Terzo Mondo, si les petits lutins joyeux, sortes de petites boules sur pattes (des petits cochons suggérait un des rédacteurs de Cinergie – une enquête est en cours…) vivent effectivement dans un pays étrange et merveilleux, le pays est pourtant divisé en deux : à l’ouest vivent les Blancs et à l’est, les Noirs, chacun préférant bien entendu rester chez soi. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que pure coïncidence…

Quand un petit Noir idéaliste arrive chez les Blancs, il est tenu à l’écart par ses nouveaux voisins qui n’acceptent pas chez eux ce petit bonhomme tellement différent ! Tout le monde le montre du doigt (sauf les manchots, ça va de soi…) Le petit Noir va donc en voir des vertes et des pas mûres jusqu’au jour où il provoque par maladresse l’incendie du sapin de Noël du village. Scandale ! La foule en furie s’apprête à le transformer en chair à saucisse…

De l’autre côté du village, quand un petit Blanc arrive chez les Noirs des rêves plein la tête et les cheveux au vent, il est accueilli comme un prince et tout le monde semble l’aimer. Ses nouveaux amis vont même jusqu’à préparer un immense festin en son honneur… avant que le malheureux ne se rende compte que c’est lui qui en est le menu et qu’il s’apprête bien malgré lui à être le héros d’un remake animé de Cannibal Holocaust. Tout le monde viendra le voir pendu (sauf les aveugles, bien entendu…)

Terzo Mondo de Tom Van Gestel

 
La guerre civile entre les deux parties du village est donc imminente. Le combat est violent mais, grâce à un Deux ex-machina pas piqué des hannetons, son issue est pourtant la réconciliation. Les Noirs et les Blancs deviennent alors les meilleurs amis du monde, unis dans l’adversité. Tout le monde redevient beau et gentil comme dans une chanson d’Enrico Macias. Nous sommes tous des frères, paix sur Terre aux petits cochons de bonne volonté. We are the world, we are the children, etc…
Jusqu’au jour où… un excentrique petit Rouge arrive au village. Et tout recommence…
Petit conte de fée cruel et drôle, Terzo Mondo démontre par l’absurde (blanc) et l’humour (noir) que quoi qu’il arrive, la peur de l’inconnu est toujours bien ancrée, même dans les villages les plus paisibles. Derrière les boites aux lettres à fleurs et les gazons bien tondus, les esprits les plus insoupçonnables sont souvent les plus méfiants. Et le petit village utopique de se transformer en royaume des préjugés dont la maxime, chère à Pierre Perret pourrait être :

 « …Nous n’sommes pas racistes pour deux sous

Mais on n’veut pas de ça chez nous… »

 On a toujours besoin d’un ennemi à persécuter semble nous dire la morale féroce mais juste de ce tout petit film d’animation en images de synthèse, dont le message asséné avec beaucoup de drôlerie et le ton bon enfant sont ses atouts les plus précieux.

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