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Thomas est amoureux de Pierre-Paul Renders

Publié le 01/02/2001 / Catégorie: Critique

Changer d'écran, passez au grand(iose) !

Hé oui, il est amoureux Thomas ! Ah, l'amour, toujours l'amour ! Mais pour une fois, Cupidon ne fera pas courir l'amoureux bien loin. Et pour cause, Thomas est agoraphobe ! Enfermé dans son appartement depuis plus de huit ans, ses seuls contacts avec le monde extérieur se font par écrans (ou sas) interposés.

Thomas est amoureux de Pierre-Paul Renders

Ce premier long-métrage de notre compatriote Pierre-Paul Renders aborde avec brio le thème de la difficulté des rapports humains. A l'heure où la cyber communication prend tout son sens, il pose intelligemment la question de l'avenir de la " vraie " communication. Celle qui loin des cyber.clubs de rencontre et autres groupes de discussions informatisés permet d'établir de vrais contacts. Nous voilà donc projetés dans un avenir proche, mais ni intergalactique, ni apocalyptique, rassurez-vous où l'avenir règne cependant en maître.

 

Le système de dialogue par visiophone fait de nous les yeux de Thomas, assis devant son ordinateur. Et, s'il ne permet que des dialogues en duo, il a aussi l'immense avantage de limiter les temps morts. Communication cybersexuelle coupée par les appels récurrents d'une mère trop possessive (mais si amusante), réinterrompue par l'arrivée du réparateur d'aspirateur, pour revenir à une cyberconsultation avec le psy de Thomas. Ce rythme soutenu, sans être expéditif, finit de nous transporter du grand écran au petit moniteur.

 

Et, sans s'en apercevoir, on devient Thomas. On voit ce qu'il voit, on entend ce qu'il entend, mais jamais on ne voit son visage, notre visage. C'est là le coup de génie du réalisateur qui parvient à ce que l'incessant machouillement de pop-corn devienne l'exacte réplique d'un ronronnement de PC. Si, justement, la "qualité P " des images et le  "cadrage web-cam" assez brusque peut décevoir les technicophiles, il répond à un besoin de cohérence et achève d'harmoniser scénario et réalisation. De plus, c'est lui amène toute l'originalité du film, le rendant incomparable. Finalement, ce sont les personnages, drôles, attachants et surtout magistralement interprétés par de jeunes acteurs qui nous font complètement adhérer à l'histoire. Sa fin, en forme de point d'interrogation, laisse libre cours à notre imagination et nous ramène à la question de l'évolution de la communication. Thomas est amoureux, enfin un film intelligent et drôle qui laisse le temps de réfléchir sans ennuyer.

 

Elisabeth Mailleux.  Premier prix du Concours des jeunes critiques 

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