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Walking the dog d’Oskar De Rycker

Publié le 09/03/2010 par Sarah Pialeprat / Catégorie: Critique

Bon pied, bon œil

Presque rien en somme... de toutes petites choses, posées là, simplement. Un dessin, dépouillé, un homme au parapluie, un chien et quelques rues... du vent, beaucoup de vent, et avec un brin de folie, hop, c'est parti pour l'aventure !

Avec l'avancée fulgurante des nouvelles technologies, le film d'animation n'en finit pas de nous surprendre. L'image de synthèse, un peu froide à ses débuts, est devenue irréprochable et permet des prouesses qui, souvent, laissent sans voix. Pourtant, la 2D n’a pas dit son dernier mot. Pour preuve, Disney, avec La princesse et la grenouille retourne à ses anciennes amours, et montre que la technique classique a encore des choses à prouver, si tant est que la créativité et l'imagination soient au rendez-vous. Oskar De Rycker, avec son film de fin d'études, Walking the dog, a décidé de faire dans la simplicité au bon sens du terme. Dans un style épuré, au gris « pastélisant » et aux contours réguliers, le réalisateur invente un joli conte d'une douce insouciance. Alors qu'il sort promener son chien, un bon gros bâtard à la truffe débonnaire, un homme découvre une autre réalité, non plus verticale, mais horizontale, le cabot ayant, pour une raison qui nous échappe, décidé que sa promenade se ferait à flanc d'immeubles. Pourquoi pas ?
Le changement de perspective, de la ligne droite austère et ennuyeuse qui va toujours d'un point à un autre, à une ascension vertigineuse, permet au maître d'ouvrir son horizon vers un rêve enfin devenu possible. Alors qu'ici-bas, règne la grisaille des rues, des maisons et des êtres, là-haut, attend un magnifique coin de ciel bleu qui ne demande qu'à être exploré. L'intrusion brutale du merveilleux dans le cadre de la vie quotidienne, la rupture de l'ordre reconnu pour plonger dans l'inadmissible, sont ici vécues d'une manière presque banale. Ce détour narratif par le fantastique parfaitement assumé est donc précisément là pour nous faire admettre que l'imaginaire est la meilleure voie pour appréhender le réel. Et une fois les portes de l’imaginaire entr’ouvertes, rien ne pourra plus arrêter la quête d’un ailleurs.
Avec cet air de ne pas y toucher, cette façon de ne jamais être exactement là où on l’attend, Oskar De Rycker signe une jolie métaphore sur l'art d'être heureux en sortant des sentiers battus, d'un optimisme poétique qui est toujours bon à prendre par les temps qui courent. Et son temps à lui ne court pas, il vole !

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