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Y a-t-il trop de festivals de films à Bruxelles?

Publié le 16/09/2016 par Dimitra Bouras / Catégorie: Événement

Pour cette édition de septembre 2016, le Brussels Creative Forum, la plateforme des industries culturelles et créatives en Région de Bruxelles-Capitale, a décidé de changer de lieu et de méthode de travail, préférant les tables-rondes, workshops et discussions groupées dans les halls de Bozar, aux stands de présentation individuels.
D'abord parce que les participants se pressent toujours plus nombreux sur la liste des présents et, ensuite, pour permettre une réelle réflexion dynamisante, une sorte d'université d'été, sur comment repenser les forces culturelles de la capitale.
Divers secteurs artistiques étaient invités à se réunir dont le cinéma, autour de cette question , un rien provocatrice, « Y a-t-il trop de festivals de films à Bruxelles ?» 
http://www.brusselscreativeforum.be/

Yakana, facilitateur graphiqueLes premiers concernés, les organisateurs et programmateurs de festivals de cinéma, se sont déplacés en nombre. À leurs côtés, se sont installés des représentants du secteur public ; les détenteurs des lacets des bourses sans lesquelles aucune manifestation cinématographique ne serait possible (même les activités cinéphiles des banques reçoivent leur enveloppe du public).
En tout, une cinquantaine de personnes, assises en un grand cercle, se sont prêté à l'exercice proposé par un « coach », Guy Vény, médiateur en méthodes de « management alternatif et d'intelligence collective », qui demanda à chaque participant de répondre aux questions sur leur sentiment en arrivant à cette réunion, ce qu'ils en attendent, leurs souhaits profonds dans un monde idéal, et pour finir, leur sentiment au terme de la rencontre.
Cette méthode peu usitée dans le milieu des festivals de cinéma, pour la plupart issus d'associations citoyennes,en a surpris plus d'un, voire agacé d'autres. Néanmoins, elle a permis à chacun de s'exprimer, disposant du même temps de parole (ce qui, en soi, est déjà un exploit !)
Ce qui est sorti de ces tours de tables,
- non, il n'y a pas trop de festivals à Bruxelles, chacun ayant trouvé son public, qui préfère souvent découvrir des films dans les festivals plutôt que d'aller dans les salles de cinéma.
Étant donné la disparition des distributeurs indépendants, ce ne sont plus que les grosses machines qui sont proposées dans le circuit classique
- le nombre de festivals exprime la diversité culturelle du public et c'est une bonne chose !
- qui dit festival, dit fête, convivialité et échanges, débats et rencontres avec les réalisateurs et/ou acteurs. C'est aussi des lieux pédagogiques qui font un boulot énorme d'éducation à l'image dans leurs programmes d'échanges scolaires
- si l'offre culturelle est importante, les moyens sont limités. Il faut structurer l'offre pour rassembler les films, proposer une meilleure coordination entre les festivals, coordonner les agendas et permettre des ouvertures vers un public plus large.
- le public étant fort sollicité par les offres culturelles, une meilleure visibilité serait bienvenue
- l'idée d'une coordination plaît davantage à celle de fédération. Même si les pouvoirs subsidiants préféreraient avoir un seul interlocuteur qui représenterait l'ensemble de la profession, celle-ci ne semble pas du tout encline, à ce stade, à s'organiser en association professionnelle. Les partenariats s'organisant de facto entre festivals de sensibilité proche.

La deuxième partie de la rencontre a consisté à la présentation par Michel Rubay et Jean d'Alessandro de la « Plateforme des festivals de cinéma de Bruxelles-Capitale ».
La plateforme serait trilingue, les informations s'y retrouvant seraient gérées par chaque festival. Son but est d'offrir au public un agenda complet des événements cinématographiques. Le site serait gratuit pour les festivals et pour les utilisateurs. Il sera financé par une campagne de crowdfunding, par la publicité et par une commission sur le ticketing que le site proposerait.
Malheureusement, la présentation de la plateforme après le tour de table, a été perçue comme une mise en scène pour convaincre tout un chacun du bien fondé de cette opération.
Les réactions ont été tièdes, les remarques se sont exprimées quant au design du modèle déjà proposé, quant au financement de cette plateforme et la crainte pour certains festivals de devoir renégocier des accords de ticketing déjà existants.
Y a-t-il trop de débats sans aboutissement ?
Avoir permis à tous ces professionnels de se rencontrer et d'échanger leur point de vue en dehors des soirées d'ouverture des festivals est déjà un aboutissement en soi !