L'homme qui filmait les femmes
L'amateur est un monsieur d'apparence normale dont le seul plaisir consiste à filmer nues, dans son appartement, des femmes abordées dans la rue. Les choses en restent là, car la passion de cet homme tient plus de la collection que du fantasme sexuel.
Pour Olivier Smolders dont c'est le huitième film, cet argument minimal était prétexte à refaire une série de portraits de femmes (un motif qu'il avait déjà traité mais sur lequel il souhaitait revenir), étant entendu qu'il ne s'agissait pas de présenter une galerie flatteuse de jeunes femmes plus ravissantes les unes que les autres, mais d'aller de la jeune fille à la femme…
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Bonne fête, Paulette !
Caroline Rottier reçoit des mains d'Anne Moralis les dernières retouches d'un maquillage particulièrement complexe. Les cheveux attachés sous une perruque à l'anglaise, le visage pâle, aux lèvres foncées et aux yeux très maquillés que souligne de faux cils à la Garbo période muette, elle se fait ajuster une longue robe conçue par la costumière Isabelle Lhoas. Un miroir Art déco lui renvoie l'image d'une beauté des années folles faite à croquer. C'est qu'elle interprète Madame Zebrinska, une artiste russe dont l'univers féérique fascine Paulette, la jeune héroïne de Noël…
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Bijou d'amour
La caméra glisse sur le rail du travelling, cadre Fanny (Sandrine Bonjean) et Greta (Babette Jouret), la joaillière qui sort une bague de la vitrine et la présente à sa cliente.La caméra s'élève et recadre en plongée le sol sur lequel se dessine, à droite de l'image, l'ombre portée du sigle de la bijouterie.Et voici que, par un artifice d'éclairage, le reflet se déplace vers la gauche pour évoquer la courbe du soleil et le temps qui passe. Sans interruption, la caméra redescend cadrer Fanny et Boris (John Dobrynine) qui entrent quelques heures plus tard dans la bijouterie. C'est un raccord-temps subtil qui n'est pas sans évoquer celui de…
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La mémoire du cinéma
La Cinémathèque Royale de Belgique est riche de milliers de kilomètres de pellicule. Ce temple du celluloïd est la caverne d'Ali-Baba des cinéphiles et des jeunes réalisateurs qui ont sans doute connu leur premier coup de coeur cinématographique dans les fauteuils orange de la salle de projection du Musée du cinéma. Après Jacques Ledoux que nous avions longuement interrogé jadis (cf. Cinergie nos 40, 41, et 42), nous avons demandé à Gabrielle Claes, directrice de la Cinémathèque royale de Belgique, de faire un tour d'horizon des collections et de leur état de conservation.
Gabrielle Claes
L'essentiel de l'activité…
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François Schuiten ou la tentation du cinéma
Au début de 1993, le dessinateur François Schuiten et le scénariste Benoît Peeters, les inséparables duettistes de la série BD Les Cités Obscures, publient un livre dont le format à l'italienne renvoie à l'écran cinéma, Souvenirs de l'éternel présent.
Il s'agit d'une variation autour du film de Raoul Servais Taxandria, auquel ils ont l'un et l'autre été associés. Trois ans et demi plus tard, ils publient un essai écrit à quatre mains, L'Aventure des images, dans lequel ils se livrent à une réflexion sur le statut et la valeur de l'image aujourd'hui…
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L'Europe contre-attaque ?
Enseignant et chercheur à Paris I- Sorbonne, cinéaste, Frédéric Sojcher a récemment dirigé un ouvrage intitulé Cinéma européen et identités culturelles. S'il s'agit de cerner au plus près la nébuleuse cinématographique des quinze à travers de nombreux témoignages de professionnels (cinéaste, historien, sociologue,...), l'auteur esquisse aussi sa propre vision et synthèse de la question. Et en bruit de fond, encore et toujours, le tintinnabulum du tiroir-caisse des Majors hollywoodiens. Deux ans après le GATT et l'exception culturelle, rien n'aurait-il changé?
Cinergie : Dans ce double mouvement d'identité…
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Bonjour Babel-Oued Paris
La situation étant ce qu'elle est en Algérie, Merzak Allouache vit en France et tourne à Paris. Mais chez lui, pas de volonté de faire superficiellement français ou européen, pas d'emballage-cadeau calibré pour l'exportation."Exporté", Allouache l'est déjà et c'est depuis cette situation particulière, renforcée par l'exil, n'oubliant ni ses racines ni l'ambiguïté de sa condition présente, qu'il va porter un regard sur ce que vivre à Paris implique quand on vient d'Algérie. Cinéma de l'exil, cinéma de l'intégration. Son dernier film Salut cousin! se construit exactement à…
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La promesse d'un regard
Alors que l'Afrique équatoriale refait la une des médias, Thierry Michel nous emmène dans le ventre de l'hôpital universitaire de Conakry en Guinée, Donka.
Chef de file du nouveau documentaire, Thierry Michel sait soumettre l'urgence de l'actualité aux exigences du documentaire classique, en mobilisant au mieux les ressources d'une véritable écriture cinématographique. L'action se cantonne dans l'enceinte close de l'hôpital et s'en tient obstinément à ses malades, à leurs familles, à leurs drames et aux médecins, dont la volonté farouche de guérir et de toujours mieux faire est perpétuellement…
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